Megaupload, deux mois après

La fermeture de Megaupload a endeuillé des millions d'Internautes tout autour du globe, comme en atteste ce photomontage qui circule sur le web.
La fermeture de Megaupload a endeuillé des millions d'Internautes tout autour du globe, comme en atteste ce photomontage qui circule sur le web. © DR
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L’affaire est loin d’être bouclée mais la fermeture du site de téléchargement a laissé des traces.

Les internautes ont commencé à faire leur deuil : cela fait près de deux mois que la plate-forme d’hébergement Megaupload a été fermée par la justice américaine, accusée d’être le principal vecteur mondial d’œuvres piratées sur le web.

Créé en 2005 et installé à Hong Kong, ce site avait en effet quitté depuis longtemps la catégorie des start-up : il affirmait rassembler chaque jour 50 millions d'utilisateurs et représenter 4% du trafic sur le web. Mais accusé de propager de nombreux fichiers piratés (vidéo, musique, jeux vidéos), il a été fermé le 19 janvier par la justice américaine.

Cette fermeture surprise a alors fait l’effet d’une bombe, bouleversant les habitudes de nombreux internautes. Deux mois après, qu’est devenu ce site et son fondateur ? Comment les Internautes ont-ils appris à vivre sans ? Europe1.fr dresse un état des lieux.

Un service toujours arrêté

Accusé par la justice américaine de s’être enrichi sur le dos de l’industrie du cinéma et de la musique, les Etats-Unis ont décidé début janvier de poursuivre Kim Schmitz, alias "Kim Dotcom",  et de fermer le site Megaupload.

Depuis, ce service reste indisponible, l’internaute devant se contenter d’un message "de bienvenue" du FBI américain. Cette fermeture a néanmoins eu un impact plus psychologique que réel auprès des internautes, les plus férus de partage en ligne ayant migré vers les nombreuses alternatives disponibles (Rapidshare, Mirorii, Filesonic, etc.)

Des documents stockés, mais pour combien de temps ?

La fermeture de Megaupload a fait deux types de victimes. La première, ce sont les internautes qui avaient payé un abonnement annuel ou "à vie" pour télécharger sans limite de temps ni de poids et, pour certains, en toute illégalité. Ces derniers ne peuvent que regretter l’argent perdu.

En revanche, l’autre catégorie d’utilisateurs lésés peut légitimement se plaindre : de nombreux internautes avaient en effet stockés sur Megaupload leurs archives, des documents personnels on ne peut plus légaux. Après avoir envisagé de supprimer tous les fichiers hébergés, la justice américaine a décidé de patienter, sans pour autant permettre aux utilisateurs de récupérer leurs fichiers.

A l’initiative de l’Electronic Frontier Foundation, le programme "MegaRetrieval" propose que les utilisateurs lésés forment une coalition pour se faire entendre. Mais le temps presse car les sociétés à qui Megaupoad louait des espaces de stockage commencent à perdre patience. N'étant plus payé, l'hébergeur Carpathia Hosting a ainsi demandé vendredi à la justice américaine de pouvoir supprimer tous les fichiers qu'il stocke encore.

Des abonnés menacés par des arnaques

Profitant de la stupeur des abonnés, certains malfrats ont mis au point de nouvelles arnaques pour tenter de leur subtiliser quelques euros. C’est en Allemagne que l’arnaque est la plus répandue, à en croire le site spécialisé Torrent Freak.

La méthode consiste à envoyer des mails en se présentant comme l’avocat de plusieurs grands groupes de cinéma et de musique. Le principe est simple : le destinataire est informé qu’il a été repéré en train de télécharger et risque une lourde amende (10.000 euros)… à moins qu’il ne s’acquitte tout de suite de 147 euros. De manière générale, il est donc conseillé de ne se fier qu’aux seules alertes envoyées par courrier par Hadopi.

Les alternatives légales boostées

Si la fermeture de Megauplaod a fait de nombreux déçus, elle a en revanche profité aux offres légales de vidéo à la demande (VOD). Une partie des internautes continuent de télécharger frauduleusement. D’autres, lassés des aléas de l’illégal (Hadopi, fichiers de qualité incertaine), se sont tournés vers les offres légales.

Résultat, la fréquentation des sites spécialisés et ceux de télévision de rattrapage a augmenté de 25,7% dans la seconde moitié de janvier, a annoncé l'Hadopi mercredi après avoir analysé les chiffres de fréquentation d’une cinquantaine de sites Internet. Une autre étude de l’Ifop a confirmé cette tendance, indiquant que 48% des internautes français avaient arrêté de télécharger illégalement. Ce chiffre ne concerne néanmoins que les pirates occasionnels.

Un patron face à la justice...

Une fois Megaupload fermé, son fondateur a rapidement été arrêté en Nouvelle-Zélande, inculpé pour escroqueries et violations des droits d'auteurs. Les Etats-Unis souhaitent son extradition pour pouvoir juger Kim Schmitz sur leur sol, une demande qui sera examinée le 20 août. Ce dernier risque 20 ans de prison.

Pour sa défense, Kim Schmitz assure que son entreprise a tout tenté pour dissuader les pirates d’utiliser son site, allant jusqu’à employer une équipe de 20 personnes chargées de retirer du site des contenus pouvant provenir de piratage.

... mais autorisé à dépenser quelques 37.000 euros par mois

Le fondateur de Megaupload a été remis en liberté sous contrôle judiciaire strict mais la justice néo-zélandaise a tout de même gelé ses avoirs. "Kim Dotcom" a donc demandé à la justice à pouvoir puiser dans sa fortune, mise sous séquestre. Ce dernier estimait ses besoins à 135.000 euros par mois, les juges ne lui en ont accordé que 37.000.

Une broutille lorsqu’on sait que le patron de Megaupload a amassé au moins 31 millions d'euros pour la seule année 2010. Autre concession, la justice a autorisé cet amateur de voitures de luxe à utiliser sa Mercedes.