Les prostituées s'expatrient en Suisse

Liza est la propriétaire du Venusia, ce salon érotique où travaillent beaucoup de Françaises.
Liza est la propriétaire du Venusia, ce salon érotique où travaillent beaucoup de Françaises. © Max PPP
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avec Ariane Lavrilleux , modifié à
ENQUETE - Les Françaises se sentent en sécurité en Suisse où la prostitution est encadrée. 

Depuis 2004, leur nombre aurait doublé, selon la police genevoise. Les prostituées françaises sont de plus en plus nombreuses à passer la frontière pour travailler en Suisse. Dans le canton de Genève où la prostitution est légale, réglementée et contrôlée, les Françaises représentent 28% des 1.000 prostituées de la capitale suisse. Dans les 110 "sex center", cabarets et autre maisons closes de la ville, les Françaises constituent même la plus grosse communauté. La raison de cet "exode" : ces femmes se sentent plus en sécurité en Suisse qu'en France.

"C'est la catastrophe pour moi"

C'est le cas de Sarah qui se rend en Suisse cinq fois par semaine. Elle travaille au Venusia, la plus grande maison close de Genève, qui est à seulement vingt minutes de son domicile. Avant, Sarah se prostituait clandestinement chez elle, en France.

"Je travaillais toute seule dans un appartement. J'avais trop peur. Je ne me sentais pas protégée. Trois, quatre, cinq clients qui arrivent dans la journée… Il suffit qu'il fasse un peu nuit et c'est la catastrophe pour moi", témoigne cette femme au micro d'Europe 1. En Suisse, elle se sent plus protégée. "Il y a le moindre souci, on appelle la police. En deux minutes, ils sont là et ils sont de notre côté. Ils respectent. Pour moi, il n'y a rien de plus important", ajoute-t-elle.

"Cette loi a généré un exode"

Depuis 2004, les Françaises sont majoritaires en Suisse devant les Hongroises, les Espagnoles et même les Suisses. Les permis de travail sont devenus plus faciles à obtenir mais surtout elles fuient la loi contre le racolage passif votée en 2003. "Cette loi a généré un exode. La différence majeure, c'est qu'en Suisse, [les prostituées] s'intègrent dans la société. Elles payent leurs impôts", explique Michel Félix de l'association Aspasie pour la défense des travailleuses du sexe.

En Suisse, ces prostituées sont obligées de se déclarer à la police des mœurs. Pour elles, c'est un moyen plus efficace pour se protéger des clients et des proxénètes violents. Outre le racolage passif, seule la prostitution des mineures est interdite en France. Une proposition de loi a été déposée en décembre dernier à l'Assemblée nationale pour pénaliser les clients mais elle n'a pas encore été votée.