Le maire d'Osaka justifie les esclaves sexuelles

"Quand les soldats risquent leur vie sous la mitraille et que vous voulez leur procurer du repos quelque part, c'est clair que vous avez besoin d'un système de femmes de réconfort", a déclaré, lundi soir, Toru Hashimoto.
"Quand les soldats risquent leur vie sous la mitraille et que vous voulez leur procurer du repos quelque part, c'est clair que vous avez besoin d'un système de femmes de réconfort", a déclaré, lundi soir, Toru Hashimoto. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
POLEMIQUE - Il estime que "les femmes de réconfort" étaient nécessaires pour les soldats durant la guerre.

L'INFO. Les cicatrices de la guerre sont  encore bien présentes dans les esprits. Pour le maire de la ville japonaise d'Osaka, les "femmes de réconfort", ces Asiatiques enrôlées de force dans les bordels de l'armée nippone durant la Seconde Guerre mondiale, étaient une "nécessité".

"Quand les soldats risquent leur vie sous la mitraille et que vous voulez leur procurer du repos quelque part, c'est clair que vous avez besoin d'un système de femmes de réconfort", a déclaré sans ambages, lundi soir, Toru Hashimoto, dirigeant de la principale métropole de l'ouest du pays devant toutes les télévisions japonaises. Cette déclaration, qui a déclenché les foudres du Japon et de la Corée du Nord, embarrasse le gouvernement japonais qui a prudemment pris ses distances.

Qui sont ces femmes ? La plupart des historiens estiment à environ 200.000 le nombre de femmes asiatiques réduites en esclaves sexuelles par le Japon. Ces Coréennes, Chinoises et Philippines notamment étaient obligées de travailler dans des "bordels" militaires de campagne japonais.

Séoul et Pékin condamnent. Les déclarations de Toru Hashimoto, codirigeant du Parti de la Restauration du Japon (droite), ont été immédiatement condamnées à Séoul et Pékin. "Nous sommes profondément déçus qu'une personnalité officielle défende de tels crimes inhumains", a déploré une porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Nous sommes "choqués et furieux", a réagi, de son côté, la porte-parole de la chancellerie chinoise, Hong Lei. "De la façon dont il abordera son passé dépendra l'avenir pour le Japon", a-t-elle ajouté.

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"La tragédie de la guerre". Le Japon s'est déjà excusé pour ces "crimes" mais nie toute responsabilité officielle dans la conduite de ces maisons closes. Toru Hashimoto a concédé que des femmes avaient été enrôlées de force dans ces bordels militaires mais, a-t-il ajouté, c'est imputable "à la tragédie de la guerre". Le secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga, a refusé mardi de commenter directement cette sortie, se contentant de rappeler la position officielle selon laquelle le Japon reconnaît les souffrances infligées aux peuples de la région durant la Seconde Guerre mondiale.

Des relations tendues entre les trois pays. Mais les relations du Japon avec la Chine et la Corée du Sud restent indéniablement marquées au fer rouge de la guerre. Surtout depuis le retour aux affaires en décembre dernier du "faucon", Shinzo Abe qui n'a de cesse que de souffler le chaud et le froid. D'un côté, il affiche sa volonté de réformer la constitution pacifiste du Japon, qui lui interdit le recours à la guerre, et aussi de revoir la déclaration officielle de 1995 sur les "remords" du Japon. De l'autre, il répète que son gouvernement n'entend pas pour autant revenir sur la reconnaissance par le Japon des souffrances infligées aux peuples d'Asie pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Parallèlement, près de 170 parlementaires japonais se sont rendus fin avril au très controversé sanctuaire de Yasukuni à Tokyo, qui honore les soldats tombés au champ d'honneur… mais aussi 14 criminels de guerre condamnés par les Alliés après 1945. Suite à cette visite, la plus importante de parlementaires nippons depuis 23 ans dans ce lieu symbole par excellence pour les voisins asiatiques du passé impérialiste nippon, Séoul avait annulé un voyage au Japon du chef de sa Diplomatie.

D'autres initiatives du Premier ministre conservateur ont été tout aussi mal perçues par les pays voisins : fin janvier, son gouvernement a approuvé un budget militaire en hausse, une première depuis onze ans. Et pour la première fois, le Japon a célébré, fin avril, devant l'empereur l'anniversaire de la souveraineté recouvrée du pays en 1952 après sept ans d'occupation américaine.