Inès Del Rio, une etarra bientôt libre

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avec AFP , modifié à
ZOOM - Une militante basque condamnée à 3.000 ans de prison en Espagne a obtenu gain de cause devant la justice européenne.

L'INFO. Inès Del Rio Prada est peut-être la première d’une longue liste. Cette militante basque d’ETA a obtenu lundi gain de cause devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), qui demande à Madrid de la libérer. Inès del Rio Prada, 55 ans, membre du "commando Madrid", avait été condamnée par plusieurs tribunaux à plus de 3.000 ans de prison pour 19 assassinats. Retour sur un itinéraire sanglant.

Une série d’attentats dans les années 80. Inès del Rio Prada, née à Tafalla, au sud de Pampelune, était membre du "commando Madrid", un commando historique du mouvement séparatiste basque. Le groupe est responsable de plusieurs attentats à partir du milieu des années 80. En juillet 1985, un vice-amiral est ainsi assassiné. Le 25 avril 1986, c’est une voiture piégée qui explose, tuant cinq policiers chargés de surveiller les ambassades des États-Unis et d’Italie dans la capitale espagnole, rappelle El Pais. Quelques semaines plus tard, un véhicule militaire est mitraillé. Bilan : trois morts, tous militaires.

Douze gardes civils tués. Le 14 juillet 1986, une voiture piégée explose place de la République Dominicaine à Madrid. Douze gardes civils sont tués et une cinquantaine de personnes sont blessées.

Un reportage sur l'attentat diffusé à la télévision française le 14 juillet 1986 :

Cachée en France, Inès Del Rio Prada, surnommée "la petite", échappe à un coup de filet de la police en janvier de l’année suivante. Mais, revenue en Espagne, elle voit sa sanglante trajectoire prendre fin le 2 juin 1987, quand elle est arrêtée au volant d’une camionnette, à Saragosse. La militante basque transportait plus de 35 kilos d’explosifs.

Huit procédures distinctes. Au total, Inès Del Rio Prada a écopé de 2.828 années de prison dans huit procédures distinctes entre 1988 et 2000. Dans le dossier de l’attentat du 14 juillet 1986, elle est reconnue coupable d’avoir participé à la surveillance et à la préparation des explosifs, ce qui lui a valu d’être condamnée à plus de 2.200 ans de prison.

La doctrine Parot. La militante d’ETA aurait toutefois pu sortir de prison dès 2008, après 21 ans d’incarcération, par le jeu classique des remises de peine. Mais la règle a été remise en cause en 2006 par le tribunal suprême espagnol. D’après la nouvelle jurisprudence, appelée "doctrine Parot", les remises de peine doivent s’appliquer sur chacune des peines prononcées et non plus seulement sur la durée maximale de prison effective de 30 ans, prévue par la loi. En clair : cette jurisprudence permet de prolonger au maximum la durée de détention des prisonniers condamnés dans plusieurs affaires.

CEDH, 400, MAXPPP

La CEDH saisie. Inès Del Rio Prada, qui devait donc rester derrière les barreaux jusqu’en 2017, a saisi la CEDH. Les juges de Strasbourg ont demandé à l’Espagne de la libérer "dans les plus brefs délais" et de lui verser 30.000 euros pour dommage moral. Cette décision a suscité "douleur" et "tristesse" chez les victimes du terrorisme. Elle inquiète aussi pour les conséquences en cascade qu’elle pourrait avoir : dans la foulée d’Inès Del Rio Prada, une cinquantaine de membres de l’ETA actuellement emprisonnés pourraient en effet bénéficier d’une libération.

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