Dette américaine : un accord in extremis

Barack Obama a annoncé l'accord lors d'une brève allocution devant la presse à la Maison-Blanche.
Barack Obama a annoncé l'accord lors d'une brève allocution devant la presse à la Maison-Blanche. © REUTERS
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avec Reuters , modifié à
Après de longues tractations, le compromis a été annoncé par Obama. Il pourrait être voté lundi.

Un accord in extremis sur le relèvement du plafond de la dette américaine a été trouvé tard dimanche soir entre démocrates et républicains. Le compromis écarte le risque de voir la première puissance économique mondiale en situation de défaut de paiement.

"Ce qui était en train de se jouer, c’est vraiment la stabilité de la sphère économique mondiale", a analysé lundi l’économiste français Nicolas Bouzou, sur Europe 1. "L’accord va permettre au Trésor de s’endetter pour honorer ses engagements, cela va permettre à l’économie américaine de fonctionner à peu près normalement ces prochains mois", a aussi estimé Nicolas Bouzou. "Il faut bien comprendre que théoriquement les Etats-Unis avaient une capacité d’endettement mais légalement, constitutionnellement, le Trésor américain n’avait plus le droit de s’endetter et donc risquait de se trouver en situation de paiement c'est-à-dire de ne plus pouvoir payer les fonctionnaires les soldats et honorer ses engagements de manière générale", a t-il encore expliqué.

"Un défaut aurait eu un effet dévastateur sur notre économie"

Après des jours de tractations, Barack Obama, en personne, a salué devant la presse la tournure des évènements. "Il reste encore des votes très importants à venir au Congrès, mais je veux annoncer que les dirigeants des deux partis dans les deux chambres sont parvenus à un accord qui réduira le déficit et évitera un défaut, un défaut qui aurait eu un effet dévastateur sur notre économie", a déclaré le président américain.

L’accord devrait être soumis aux voix des deux chambres du Congrès dès ce lundi. Il prévoit des réductions drastiques de la dépense publique mais pas de hausses d'impôts. Il porte sur une réduction de 1.000 milliards de dollars environ des dépenses publiques sur dix ans. Une commission bipartite devra en outre déterminer les moyens de réduire le déficit fédéral d'au moins 1.500 milliards de dollars supplémentaires.

"Pas le meilleur accord du monde"

Le président démocrate, qui a appelé les parlementaires à "faire le bon choix" en votant en faveur de ce compromis, a souligné qu'il garantirait que les Etats-Unis ne revivront pas une crise similaire dans les 8 à 12 mois à venir, soit en pleine campagne présidentielle. Il a également précisé que les baisses drastiques de la dépense publique n'interviendraient pas trop rapidement, de manière à ne pas fragiliser davantage la faible croissance de l'économie américaine.

"Ce n'est pas le meilleur accord du monde mais il démontre à quel point nous avons changé les termes du débat", a commenté pour sa part John Boehner, le porte-parole républicain de la Chambre des représentants. Le compromis, a-t-il insisté, n'intègre aucune hausse d'impôts, et les baisses des dépenses qu'il prévoit sont supérieures au relèvement du plafond de la dette.

"Un rapport de force clairement en faveur des républicains"

D’après Nicolas Bouzou, sur le plan politique, ce sont clairement les républicains qui ont gagné : "les républicains demandaient un plan de restructuration de l’Etat américain extrêmement drastique sans aucune augmentation d’impôt mais avec des efforts très importants sur la dépense publique. Or la dépense publique, elle, augmente beaucoup aux Etats-Unis notamment en raison des réformes d’Obama donc finalement ce que les Américains demandent à Obama c’est de défaire la politique qu’il a mené ces dernières années", a t-il déclaré avant de conclure : "le rapport de force maintenant clairement en faveur des républicains, au détriment d’Obama".

Le Trésor américain, qui a atteint en mai son plafond d'endettement fixé à 14.300 milliards de dollars, a besoin du Congrès pour emprunter davantage. Il avait prévenu qu'en cas d'absence d'accord après le 2 août, les Etats-Unis risqueraient de ne plus pouvoir remplir leurs obligations vis-à-vis de leurs créanciers.