Des "pirates" politiques à Berlin

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Aurélie Frex , modifié à
Un parti qui prône la démocratie directe sur Internet a obtenu des sièges au Parlement régional.

Une campagne à 40.000 euros seulement, et un millier de membres. C’est avec ces moyens réduits que le "Parti des pirates", en Allemagne, est parvenu à ravir pour la première fois 15 sièges dans un  Parlement régional allemand, en obtenant 9% des voix dimanche lors du scrutin de Berlin. Un succès qui a fait sensation, d’autant que les libéraux du FDP, membre de la coalition gouvernementale de la chancelière Angela Merkel, ont été éjectés du Parlement régional avec seulement 2% des suffrages. Si ce score a de quoi surprendre, il a aussi pris de court le parti lui-même, qui se trouve confronté à un manque de personnel.

"C’est tout nouveau pour nous"

Le mouvement, qui n’avait jamais jusqu’ici jamais eu d’élu ni au niveau fédéral, ni au niveau national, existe depuis 2006. "Nous allons nous mettre à bosser, c’est tout nouveau pour nous", a ainsi déclaré la tête de liste du parti Andreas Baum, à la télévision allemande SDF après le scrutin.

Car, fort de l’attrait qu’il suscite dans les urnes, le Parti des pirates doit maintenant mettre en œuvre son programme. Et pour cela, il faut du personnel. "Pour le moment, le parti pirate d’Allemagne n’a pas d’employé rémunéré", a ainsi concédé Sebastian Nerz, son président, dimanche. "Tous ceux qui travaillent pour le parti - y compris moi-même - travaillent à titre honorifique, contrairement aux membres du Parlement qui sont payés. Cela permettra aux Pirates de travailler à plein  temps pour le parti, et de nous donner plus de capacité de travail", a-t-il ajouté, confiant.

La tête de liste tirée au sort

petit parti originaire de Scandinavie a un fonctionnement bien particulier. Par exemple, la désignation de la tête de liste pour Berlin, Andreas Baum, salarié des télécoms de 32 ans, s’est faite par tirage au sort.

Le "Parti des pirates" réunit des personnes qui auparavant ne s’intéressaient pas à la politique. 95% de ses adhérents n'étaient dans aucun parti auparavant.

Objectif : la démocratie directe

Le mouvement, présent dans une vingtaine de pays du monde, a marqué la campagne à Berlin avec ses affiches : des portraits noir et blanc de militants non maquillés, flanqués de slogans choc sur fond de couleurs criardes. "Nous avons les questions, vous avez les réponses", interpellait l'une d'elles.

Le programme de ce mouvement, qui utilise toutes les potentialités d'Internet et des réseaux sociaux, tient en un mot : la transparence. Les Pirates veulent installer Internet dans tous les conseils de quartiers avec des logiciels libres. "Certains élus souhaitent notre arrivée, ils se disent qu'avec nous ils auront enfin une vraie connexion Internet", s'amuse ainsi Pavel Mayer, 46 ans, numéro trois sur la liste régionale.

Le parti, qui se définit comme "social-libéral", réclame pêle-mêle le droit de vote à partir de 14 ans et pour tous les étrangers, les transports gratuits, l'étatisation de l'eau et de l'énergie. Les militants "Pirates" ont une moyenne d’âge de 29 ans. Du côté des électeurs, la jeunesse a été séduite par cette campagne 2.0. 15% des moins de 30 ans ont voté pour le Parti des "pirates".