Alexis Tsipras, le "Mélenchon grec"

Alexis Tsipras, le chef de file de la gauche radicale a créé la surprise en Grèce dimanche.
Alexis Tsipras, le chef de file de la gauche radicale a créé la surprise en Grèce dimanche. © REUTERS
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PORTRAIT - Le chef de file de la gauche radicale a créé la surprise en Grèce dimanche.

A 37 ans, il est le plus jeune chef d'un parti politique en Grèce. Alexis Tsipras est aussi celui par qui le séisme politique est arrivé dimanche à l'occasion des élections législatives anticipées. Avec 16,67% des voix, la gauche radicale (Syriza), résolument hostile aux plans européens de sauvetage sous conditions de la Grèce, est arrivée en deuxième position, faisant voler en éclat la bipartisme qui dominait le pays depuis la chute du régime des colonels en juillet 1974. Alexis Tsipras, qui a trois jours pour former un gouvernement de coalition, a d'ores et déjà exclu de soutenir l'austérité.

Un tremblement de terre politique

Né seulement quatre jours après la chute de la dictature militaire, en 1974, ce brun aux faux airs d'Elvis Presley a su exploiter l'exaspération et la colère de l'électorat face aux deux grands partis traditionnels, associés aux programmes de rigueur qui se succèdent depuis fin 2009 et l'éclatement de la crise de la dette souveraine grecque. Avant le scrutin de dimanche, les derniers sondages sur les intentions de vote indiquaient que son parti avait une chance d'émerger en troisième force politique. Mais en devançant les socialistes du Pasok, la Coalition de la gauche radicale a créé une surprise qui tient du tremblement de terre.

Dès l'annonce des résultats, Alexis Tsipras a appelé à la formation d'une coalition hostile aux conditions fixées par les bailleurs de fonds de la Grèce - Union européenne, FMI et Banque centrale européenne -  en échange de leur aide financière. "Mme Merkel doit comprendre que la politique d'austérité vient de subir une immense défaite", a-t-il lancé. "Par leur vote, les électeurs grecs ont donné un mandat pour une nouvelle aube pour notre pays, où la solidarité et la justice remplacerait les mesures barbares des plans de renflouement", a poursuivi le jeune politicien.

Une grande expérience politique

Malgré son jeune âge, Alexis Tsipras a déjà une grande expérience de la politique. Il a fait son apparition sur la scène en terminant troisième de la municipale athénienne en 2006, avant de devenir le leader de la Coalition de gauche en 2008 et de faire son entrée au Parlement en 2009. Souvent critiqué par les socialistes pour encourager les émeutes violentes qui ont secoué le pays depuis plusieurs mois, il a su attirer des déçus du Pasok en combattant les mesures d'austérité tout en affichant son souhait de conserver la monnaie unique européenne, sans y voir de contradiction.

Dans les derniers jours de la campagne, tandis que les mises en garde se multipliaient de la part des partenaires d'Athènes, cet ingénieur de formation n'a pas hésité à dénoncer un "bluff" des élites.  "Affirmer que notre appartenance à l'euro est en danger est un mythe construit de toutes pièces, un chantage exercé par les partis favorables aux plans de renflouement et un outil visant à pressurer le peuple afin qu'il accepte des mesures qui nous amèneront la misère", dénonçait-il alors.

Alexis Tsipras est vice-président du parti de la Gauche européenne. Il a d'ailleurs noué des liens étroits avec ses homologues européens comme le parti allemand Die Linke ou plus récemment le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon auquel Tsipras avait exprimé son soutien pour la présidentielle française.