Afghanistan : la France part "trop tôt"

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AW et Laure Dautriche, envoyée spéciale d'Europe 1 en Afghanistan , modifié à
REPORTAGE E1 - En Afghanistan, le départ des militaires français inquiète.

A l'heure du désengagement progressif des troupes, de l'Otan et de la France, des rebelles talibans ont lancé mardi matin une attaque à Kaboul contre les bureaux de la CIA et le Palais présidentiel. Aucune victime n'est à déplorer du côté des forces de sécurité afghane mais l'incident montre bien la pression qui pèse sur l'armée afghane qui doit prendre le relais des troupes internationales d'ici 2014.

En visite éclair à Kaboul lundi et mardi, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian a rencontré les 850 militaires français encore présents à Kaboul. Il ne s'agit pas de forces combattantes mais de militaires contribuant surtout à la formation des forces de sécurité afghanes.

Les dernières troupes combattantes ont quitté le pays en décembre dernier et les Afghans rencontrés par Europe1 sont inquiets à l'idée du départ de tous les soldats français.

"C'est trop tôt"

Les militaires français passent progressivement le relais à l'armée afghane de 180.000 hommes mais Djawad n'est pas rassuré pour autant : "J'ai peur. Peur des talibans. Ils sont partout ici. On ne peut rien attendre de bon avec eux... Depuis 2001, avec les soldats de la coalition et notamment les Français, il y a plus de sécurité. Il y a aussi cet hôpital près de l'aéroport où on est très bien soignés, aussi bien qu'en France, avec du matériel de pointe. Les militaires qui partent, pour nous ça veut dire que les talibans vont revenir... parce qu'ils auront le champ libre !", s'inquiète-t-il.

Dans le ciel, plusieurs ballons d'observations filment encore Kaboul en continu. Des hélicoptères patrouillent. Tarik, lui non plus, n'est pas vraiment confiant pour la suite car l'armée afghane n'est pas encore suffisamment solide estime-t-il : "L'armée afghane se forme mais elle est encore fragile. Ils sont incapables pour l'instant de sécuriser le pays tout seuls, c'est trop tôt. On a besoin d'une bonne armée de l'air, pour l'instant elle n'est pas vraiment développée. Cela me fait bizarre de le dire, mais c'est vrai que je ne me sens pas en sécurité avec juste l'armée afghane."