WhatsApp : 19 milliards, "pas cher payé" pour Facebook

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GROS SOUS - Le réseau social a réalisé sa plus grosse acquisition en rachetant la messagerie mobile. Pourquoi un tel montant ?

Trois fois la valeur de PSA. 19 milliards de dollars. 13,8 milliards d'euros. Douze fois le montant du rachat de YouTube par Google en 2006 et deux fois plus que pour l'acquisition de Skype par Microsoft en 2011. Presque trois fois la valeur en Bourse de PSA. Le montant de la transaction officialisée mercredi entre l'application de messagerie WhatsApp et Facebook, l'acquéreur, peut en étonner plus d'un, de prime abord. Mais ces milliards s'expliquent en étudiant les chiffres et la stratégie du réseau social de plus près. Europe1.fr détaille les cinq explications qui justifient le montant de ce rachat, aussi exorbitant soit-il.

Parce que WhatsApp a (vraiment) la cote. WhatsApp n'est pas une application uniquement réservée aux geeks : la messagerie mobile comptait 450 millions d'utilisateurs mensuels à la fin 2013. Soit plus de la moitié de l'audience de Facebook sur les mobiles (945 utilisateurs mensuels). 70% des utilisateurs de WhatsApp utiliseraient par ailleurs le service quotidiennement, un chiffre supérieur à celui affiché par le réseau social (60%). Au bout de quatre années d'existence, l'app de messagerie compte trois plus d'utilisateurs que Facebook et Gmail à la même époque. Et huit fois plus que Skype et Twitter. Une croissance qui ne faiblit pas puisque chaque jour, un million d'internautes continue d'y adhérer. Des chiffres qui justifient l'investissement d'après Mark Zuckerberg : "WhatsApp est bien parti pour rapidement atteindre un milliard d'utilisateurs", avance le patron de Facebook. Et autant de cibles publicitaires potentiels.

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Parce que Facebook va ainsi conquérir des marchés-clés. Excepté la France, pays à part où les SMS sont très largement inclus dans des forfaits illimités, WhatsApp a déjà conquis l'Europe. Sans officialiser de chiffre, l'application assure être en pleine croissance notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne, en Italie et au Pays-Bas. La nouvelle filiale de Facebook rencontre également un grand succès en Amérique du Sud, au Mexique et sur certains marchés asiatiques émergents (Inde et Singapour). En revanche, en Chine (WeChat), au Japon (Line) et en Corée (KakaoTalk), ce sont encore des applications locales qui dominent.

Parce que Facebook doit re-séduire les ados. Le directeur financier du groupe californien David Ebersman le reconnaissait en octobre dernier : Facebook connaît "une baisse de l'usage quotidien" chez les adolescents, "spécialement parmi les plus jeunes". Avec cette acquisition, Facebook entend "conserver une audience qu'ils ont commencé à perdre", analyse Lionel Kaplan, co-fondateur de l'agence Mediatrium et spécialiste des réseaux sociaux, interrogé par Europe1.fr. "Les jeunes utilisent de moins en moins les SMS, ont délaissé BlackBerry Messenger et maintenant Facebook. Et ce au profit d'applications de messagerie instantanée comme Snaptchat et WhatsApp", explique l'expert. Un rachat qui démontre la volonté de Facebook de draguer à nouveau ces fameux "ados connectés".

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Parce que ce ne sont pas 19 milliards en cash. Dans le détail, la transaction se répartit en quatre lignes budgétaires : quatre milliards en cash, douze milliards en actions Facebook et trois milliards de bonus à répartir auprès des 55 employés actuels de WhatsApp. Soit près de 250 millions d'euros versés à chaque salarié en moyenne. Mark Zuckerberg n'aura donc pas à retirer 19 milliards au distributeur de billets le plus proche.

Parce que Facebook peut se le permettre. Les derniers résultats financiers publiés par Facebook, le 29 janvier dernier, confirment que les voyants sont largement au vert. Le groupe entré en Bourse en 2012 a multiplié par huit son bénéfice net à hauteur de 380 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a lui aussi progressé de 55% à 5,7 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année. L'entreprise américaine, qui a fêté ses dix ans le mois dernier, est valorisée à 134 milliards de dollars à la Bourse de New York. Un investissement de 19 milliards de dollars (soit 7 fois sa cotation virtuelle) qui ne devrait donc pas se ressentir outre mesure dans les caisses du géant du Web.

Comme à son habitude, la chaîne coréenne Tomo News a résumé cette acquisition dans une vidéo maison :

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