Vacances d'été : les casse-tête à régler

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Sophie Amsili , modifié à
La proposition de Vincent Peillon bouleverserait l'organisation des professeurs et des familles.

Des "grandes vacances" raccourcies et découpées en deux zones : l'idée lancée ce week-end par le ministre de l'Education Vincent Peillon soulève bien des questions. Le ministre lui-même est revenu sur sa proposition en renvoyant le débat à "un jour", pas avant 2015, et "au terme d'une très longue concertation".

Pourquoi tant de précautions ? Car diminuer les vacances d'été reviendrait à "changer les habitudes de beaucoup de gens, faire travailler plus les professeurs, donc il y aura des questions de moyens", a reconnu le ministre. "Et puis il y a la question des examens." Zoom sur ces trois casse-tête.

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Changer les habitudes des familles. Le "modèle idéal" du ministre implique de découper la France en deux zones, à l'image des trois zones instituées depuis 1964 pour les vacances de février et celles de Pâques.  Quel en sera l'impact pour les familles, recomposées notamment, ou les cousinades réparties sur les deux zones ? "Surtout pas de zonage ! Ce sont les vacances où l'on veut se rassembler en famille", a prévenu Valérie Marty, présidente de la PEEP, invitée lundi matin sur Europe 1, qui se dit, malgré tout, sur le principe, "d'accord pour réduire un peu les vacances d'été".

Le calendrier des examens. Répartis en deux zones, à quelle date les jeunes Français passeront-ils leur brevet et leur baccalauréat ? Sur ce point également, le ministre a admis que des questions d'organisation devront être réglées : "Ca va nous obliger à revoir les examens, et en particulier le fameux baccalauréat, qui occupe les locaux d'un certain nombre d'établissements très tôt dans le mois de juin."

Faire travailler plus les professeurs.  L'année scolaire, qui se termine actuellement début juillet, serait prolongée de deux semaines. Comment les professeurs s'organiseront-ils ? "Les enseignants qui font passer les oraux du bac sont déjà occupés jusqu'à la mi-juillet", souligne Frédérique Rollet, secrétaire générale du SNES-FSU, syndicat des enseignants du secondaire. " Ils doivent encore préparer la rentrée suivante, mettre à jour les connaissances et ont besoin de temps pour se ressourcer." D'où cette crainte : "Il ne faudrait pas que nos collègues se retrouvent avec quatre semaines de vacances l'été !", prévient Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA, deuxième syndicat d'enseignants du primaire dans Les Echos.

Quelle sera alors la différence sur la fiche de paie des professeurs ? "Si on rallonge de manière importante le temps d'enseignement, il faudra pouvoir dire aux enseignants qu'il va y avoir des contreparties", a mis en garde Bernadette Groison, présidente de la FSU, première fédération de l'éducation sur France Info. "Vous comprenez bien qu'aucun salarié ne va accepter que l'on modifie son temps de travail sans qu'on regarde ses conditions de travail."

Enfin, comment s'organiseront les enseignants qui doivent changer d'académie, et donc de zones de vacances, au gré d'une mutation ? Autant de questions renvoyées à 2015 mais auxquelles "la grande concertation" voulue par Vincent Peillon devra nécessairement apporter des réponses.