Un verdict clément au procès Mahé

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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
Un militaire a été acquitté et trois autres condamnés à des peines avec sursis vendredi à Paris.

Un acquittement et trois condamnations. La cour d’assises a rendu son verdict vendredi soir dans le procès des quatre militaires français jugés pour le meurtre de Firmin Mahé en Côte d’Ivoire en 2005. L’un des militaires a été acquitté et les trois autres condamnés à des peines de prison avec sursis.

Dans le détail, le colonel Eric Burgaud, qui avait transmis l'ordre de tuer Mahé, est condamné à cinq ans avec sursis, l'adjudant-chef Guy Raugel, qui l'a étouffé avec un sac plastique, à quatre ans avec sursis et le brigadier-chef Johannes Schnier, qui le maintenait, à un an avec sursis. Le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule blindé où se sont déroulés les faits, a été acquitté.

Un verdict diversement apprécié

Le prononcé du verdict a été accueilli par des cris de protestation des Ivoiriens présents dans la salle. "Scandaleux", "honte à la France", ont-ils lancé avant de quitter la salle avec des sacs en plastique sur la tête. La victime, Firmin Mahé, considéré comme un "coupeur de route", un bandit attaquant les voyageurs et les populations, avait été étouffé avec un sac plastique alors qu'il était transporté dans un blindé français.

Du côté des avocats des militaires, le son de cloche est bien différent. "L'essentiel est qu'on a compris les circonstances. Ça veut dire que la justice a compris qu'on les a mis dans une situation intenable", a expliqué Me Trémolet de Villers, l'avocat de l'adjudant-chef Raugel, au micro d'Europe 1.

Des condamnations inférieures au réquisitoire

Les condamnations sont inférieures aux réquisitions prises la veille par l'avocate générale, qui avait demandé respectivement cinq ans ferme, cinq ans dont trois ferme, deux à trois ans avec sursis et six mois avec sursis.

Les réquisitions étaient néanmoins bien inférieures au maximum encouru pour un tel crime, soit 30 ans de réclusion, au vu du caractère "extraordinaire" de cette affaire impliquant des militaires.

La Cour a jugé la situation "exceptionnelle"

La cour a estimé que leur geste avait "gravement porté atteinte aux valeurs de la République", mais considéré que la "situation exceptionnelle" qui prévalait dans la région ivoirienne qu'ils étaient chargés de surveiller était "de nature à atténuer leur responsabilité".

Dans leurs dernières déclarations vendredi matin, les accusés avaient demandé à la cour clémence et compréhension pour "les difficultés rencontrées sur le terrain".