Un proche de Dassault en fuite s'explique

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avec AFP , modifié à
Suspecté de tentative d'assassinat, Younes Bounouara assure que l'industriel ne lui a jamais demandé de tirer.

Il est recherché depuis le 19 février dernier. Younes Bounouara, en cavale depuis qu'il a grièvement blessé par balles un boxeur amateur, alors qu'il se trouvait en plein centre-ville de Corbeil-Essonnes, s'exprime dans Le Point sur ses relations avec l'industriel Serge Dassault. Younes Bounouara est en effet suspecté d'avoir agi pour le compte de l'ancien maire de Corbeil-Essonnes, lui-même soupçonné d'achat de votes, de corruption, de blanchiment et d'abus de biens sociaux lors des campagnes municipales de 2008 à 2010. Le chef d'entreprise dénonce "des fantasmes".

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Deux règlements de compte suspects. Le 19 février dernier, à l'heure du déjeuner, un boxeur amateur de 32 ans, est grièvement blessé après avoir reçu trois balles de calibre 38. Younes Bounouara, le tireur présumé, agi au su et au vu de nombreux témoins. Le chef d'entreprise au passé de voyou et "figure locale" qui a su nouer des amitiés politiques dans tous les camps et proche de Serge Dassault, prend alors la fuite. Trois semaines plus tôt, un autre habitant de la commune avait été victime d'une tentative d'homicide.

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Les enquêteurs se demandent donc si la mairie de Corbeil-Essonnes et Serge Dassault ont pu jouer un rôle dans ces deux tentatives d'homicide. Car le point commun entre les victimes est qu’elles auraient touché, ou espéré toucher de l'argent de Serge Dassault, pour l'aider à se faire élire.

"Dassault ne m'a jamais dit de tirer". "Le 19 février, rien n'était prémédité et évidemment Serge Dassault ne m'a jamais dit de tirer sur les maîtres chanteurs", raconte Younes Bounouara. Revenant sur les raisons qui l'ont poussé à commettre ce geste, Younes Bounouara explique s'être senti menacé par un "gang qui pense que Dassault m'a donné beaucoup d'argent pour que je redistribue"

serge dassault

"Il n'a jamais été question d'acheter les électeurs". Celui qui assure que ces soupçons ne sont que "des fantasmes", est pourtant mentionné par Serge Dassault dans un enregistrement clandestin diffusé par Mediapart le 15 septembre. "Moi, j'ai tout payé, donc je ne donne plus un sou, à qui que ce soit. Si c'est Younès, démerdez-vous avec lui", entend-on de la bouche de l'industriel.

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"On a raconté que je devais redistribuer l'argent que j'ai reçu. Il n'en a jamais été question. C'était un solde de tout compte car Bechter - l'actuel maire de Corbeil-Essonnes - succédant à Dassault, je ne souhaitais pas travailler avec lui", assure le fugitif. "J'ai été récompensé après quinze ans de service, de 1995 à 2009. Cet argent, je l'ai gagné à la sueur de mon front. Il n'a jamais été question d'acheter les électeurs", ajoute-il.

Il compte se rendre début novembre. Selon Le Point, Younes Bounouara a promis de se rendre début novembre aux policiers du SRPJ de Versailles en charge de l'enquête sur la tentative d'assassinat. Plusieurs enquêtes sont en cours aux tribunaux d'Évry et de Paris, dont une pour corruption, abus de biens sociaux, blanchiment et achat de votes présumés, en lien avec la mairie de Corbeil-Essonnes, dirigée de 1995 à 2009 par Serge Dassault.