Un ex-préfet au prétoire

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Hélène Favier , modifié à
"On se croirait en Afrique ici !", avait lancé Paul Girot de Langlade, lors d'un transit à Orly.

"On se croirait en Afrique ici !" : cette phrase, l'ex-préfet Paul Girot de Langlade l'a prononcée en juillet 2009, lors d'un transit à Orly. Face à lui ce jour-là, des agents qui jurent que le préfet faisait allusion à leur couleur de peau. Mardi, Paul Girot de Langlade, "mis à la retraite d'office" en septembre 2009, sera jugé par le tribunal correctionnel de Créteil pour injures raciales.

Jugé pour injures raciales

Retour sur les faits. Le 31 juillet dernier, Paul Girot de Langlade, alors préfet hors-cadre chargé des Etats généraux de l'Outre-Mer, passe un contrôle de sécurité à Orly. Le temps presse, le contrôle s’éternise. Le préfet perd son calme. Les agents lui font remarquer. Exaspéré, le préfet lance alors aux employés : "On est où, là ? On se croirait en Afrique ici".

Devant les enquêteurs, Paul Girot de Langlade reconnaît ces propos mais récuse toute connotation raciste.

"Cela a été le bordel le plus complet (...) si le contrôle avait été rigoureux, j'aurais pu aussi bien dire on se croirait en Asie ou en Amérique", jure-t-il.

Ecoutez-le en août dernier sur Europe 1 :

Cette version des faits n'est pas partagée par les trois plaignants et notamment par l'une d'elles, d'origine antillaise, qui jure avoir entendu le préfet lâcher : "Il n'y a que des noirs ici".

Le préfet mis à la retraite

L'affaire a aussi un volet plus politique. Dès début août et le dépôt de la première plainte, Paul Girot de Langlade, aujourd'hui âgé de 63 ans, a en effet été suspendu de ses fonctions. "Je ne tolèrerai jamais que des propos racistes ou discriminants soient tenus dans notre pays, d'autant plus par un représentant de l'Etat", justifie alors le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, jugeant ce comportement "indigne" de la République.

Mais le préfet contre-attaque et sort de son devoir de réserve. Il accuse le ministre d'avoir "orchestré" cette affaire "pour se refaire à bon compte une virginité de parfait antiraciste" après son passage controversé au ministère de l'Identité nationale.

La sanction tombe début septembre : Paul Girot de Langlade est mis à la retraite d'office.

Girot de Langlade vs. Hortefeux

Mais quelques jours plus tard, c'est au tour de Brice Hortefeux d'être au coeur d'une polémique pour avoir déclaré au sujet d'un jeune militant UMP d'origine maghrébine: "Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".

L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal recommande alors à Brice Hortefeux de s'appliquer à lui-même "la jurisprudence Girot de Langlade" en se mettant à la retraite d'office.

L'ancien préfet savoure alors sa revanche. "Je me dis que le plus raciste des deux, ce n'est pas moi", déclare-t-il en visant le ministre.

Pour ses propos jugés "outrageants", Brice Hortefeux a été condamné le 4 juin à une amende de 750 euros.