Un ex-militaire condamné pour agressions sexuelles

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avec AFP , modifié à
Un ancien caporal-chef de l'armée de terre a été reconnu coupable d'agressions et d'attouchements sexuels sur trois femmes soldats.

Son avocat a tenté l'explication du "bourrin", mais ce n'est pas passé auprès de la chambre militaire du TGI de Bordeaux. Un ancien caporal-chef de l'armée de terre a été reconnu coupable d'agressions et d'attouchements sexuels sur trois femmes soldats. Il a été condamné à 18 mois de prison avec sursis. Une seule victime s'était portée partie civile et recevra 3.000 euros de dommages et intérêts. Le prévenu, qui sera par ailleurs inscrit sur le fichier des agresseurs sexuels, s'est vu signifier une obligation de soins.

Des mains sur les fesses. Cinq femmes avaient déposé plainte contre cet homme de 35 ans pour des faits remontant aux années 2007 à 2009 lors de déplacements dans des campements à Guéret, dans la Creuse, et à Mérignac, en Gironde. Les plaignantes reprochent notamment au militaire d'avoir toucher les seins d'une femme ou les fesses d'une autre, évoquant aussi son grade pour obtenir des faveurs.

Les faits requalifiés. L'ancien caporal-chef, brigadier chef au moment des faits, a été mis en examen en octobre 2010 pour "harcèlement sexuel" sur cinq femmes et pour "attouchements sexuels" sur deux d'entre elles. La notion de harcèlement ayant été revue par le Conseil constitutionnel, il a été relaxé pour ces poursuites. Cependant, les faits ont été requalifiés en agression concernant une victime, tandis que pour deux autres, il a été poursuivi pour des "attouchements".

"L'armé vous a lâché". L'ancien militaire a quitté de lui-même l'armée, où une procédure disciplinaire avait par ailleurs été engagée contre lui. "L'armé vous a lâché", a dit le président du tribunal faisant état d'un courrier de la hiérarchie militaire notant une "attitude inacceptable et indigne d'un cadre envers ses jeunes recrues". "Il a confondu autorité avec droit de cuissage sur les nouvelles recrues", a aussi accusé l'avocat de la partie civile, Me Tahar Jalain.

"Des mensonges", selon le militaire. A l'audience, l'ancien soldat-instructeur n'a pas reconnu l'entièreté des faits, arguant que les victimes s'étaient "arrangées entre elles" et avaient dit "des mensonges" aux enquêteurs devant lesquels elles avaient déposé plainte. L'homme a dit être un simple "dragueur" avant de brandir une bouteille d'un demi-litre remplie d'essence et, avec un briquet, s'est dit prêt à s'asperger pour pousser les victimes "à dire la vérité".

"On se comporte avec les femmes comme vis-à-vis d'un homme". "L'armée est complètement différente aujourd'hui avec une arrivée massive de personnels féminins. Les militaires hommes n'y étaient pas préparés et leur comportement n'a pas véritablement changé, on se comporte avec les femmes comme vis-à-vis d'un homme, on parle crûment de sexe", a tenté de plaider l'avocat du condamné, Me Jean-François Changeur qui, à l'audience, a cherché à réduire le statut de son client au rang de simple "bourrin".

Un contexte particulier. Le procès de cet ancien militaire s'est tenu alors que la problématique des violences sexuelles et du harcèlement dont sont victimes les femmes militaires, a été récemment posée par le ministère de la Défense. Ce dernier a en effet annoncé un plan d'action en avril, tout en affirmant l'importance de poursuivre la féminisation des armées.

Un projet de loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui reviendra le 26 juin en seconde lecture à l'Assemblée, devrait introduire une disposition modifiant le code de la Défense visant à interdire explicitement le harcèlement sexuel et moral dans les armées. A Paris, une dizaine de procédures sont en cours après des plaintes de femmes militaires pour des faits d'agressions ou de harcèlement sexuel, voire des viols.

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