Un bailleur social jugé pour discrimination raciale

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avec AFP et Jean-Sébastien Soldaïni , modifié à
L'organisme HLM comparaît vendredi pour avoir refusé d'accorder un logement à un demandeur ivoirien.

"Il y a trop de d'Africains et d'Antillais dans cet immeuble donc on ne peut pas vous attribuer cet appartement". C'est en substance la réponse qu'aurait donnée une conseillère de Logirep à un homme souhaitant obtenir un logement social. L'un des plus gros bailleurs sociaux d'Ile-de-France est en effet accusé d'avoir refusé un logement à un homme au motif qu'il était noir. Logirep est également d'avoir procédé à un "fichage ethnique" de ses locataires. Pour ces faits, le bailleur social comparaît vendredi devant le tribunal correctionnel de Nanterre.

Une demande dans les règles, selon le demandeur. Les faits incriminés remontent en 2005. Fréderic dépose sa demande de logement sur de la conformité de son dossier. Il remplit en effet tous les critères : il a un emploi, un revenu suffisant et il est peu endetté. Mais lorsqu'il demande des explications sur les raisons du rejet, sa conseillère lui répond : "il y a trop de d'Africains et d'Antillais dans cet immeuble, donc on ne peut pas vous attribuer cet appartement".

Une conversation téléphonique enregistrée. "Le ton de cette personne n'a pas été discourtois, mais c'était un ton ferme, relativement déterminé. Peut-être qu'elle l'a dit par maladresse. Elle ne devait pas pensé qu'à ce moment là j'enregistrais ses propos", raconte Frédéric au micro d'Europe 1. Un enregistrement qu'il s'empresse de fournir à la justice. Une enquête est alors ouverte pour "discrimination raciale".

L'initiative d'une conseillère. Mais de son côté, l'organisme HLM assure que l'origine ivoirienne et la couleur de peau de Frédéric ne sont pas les causes du refus. L'opératrice est d'ailleurs clairement pointée du doigt. "Concernant les propos tenus par téléphone c'est une interprétation personnelle de cette collaboratrice qui a quitté la société depuis. Le Logirep est en désaccord total avec les propos de son ancienne collaboratrice", assure l'un des responsables l'organisme, contacté par Europe 1.

Un dossier pas satisfaisant répond Logirep. Lors de leurs auditions, les quatre membres de la commission d'attribution avaient par ailleurs affirmé avoir écarté son dossier car le logement qu'il souhaitait quitter n'était pas insalubre, contrairement à ce qu'il prétendait, et que par conséquent sa demande n'était pas "prioritaire". Ils pointaient également que la mère du plaignant avait occasionné des troubles de voisinage et qu'en outre ce nouveau logement l'aurait éloigné de son lieu de travail.

Des fichiers informatiques suspects. Mais au cours des investigations, des documents ont ensuite montré que Logirep conservait informatiquement un fichier comportant des informations sur les origines raciales de leurs locataires, comme "Alg" pour Algérie ou "Gy" pour Guyane, ce qu'interdit la loi.

Vers une anonymisation des demandes ? "On ne peut pas dire à quelqu'un que le simple fait d'être noir pose a priori un problème", a réagi auprès Samuel Thomas, délégué général de la Maison des Potes, qui s'est constituée partie civile. "La justice doit envoyer un message fort", a ajouté le représentant de l'association créée par SOS Racisme qui milite pour une "anonymisation" des dossiers.