Tirs croisés entre Kerviel et la SocGen

Du 4 au 28 juin 2012 prochain, la cour d'appel de Paris doit rejuger Jérôme Kerviel, condamné en première instance à cinq ans de prison dont trois ferme.
Du 4 au 28 juin 2012 prochain, la cour d'appel de Paris doit rejuger Jérôme Kerviel, condamné en première instance à cinq ans de prison dont trois ferme. © CAPTURE BFM TV
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avec Pierre Rancé
A l'approche du procès en appel de l'ex-trader, deux enquêtes préliminaires de police ont été ouvertes.

Le face-à-face s'annonce tendu. A moins d'une semaine du procès en appel de Jérôme Kerviel, l'homme accusé d'une perte record de 4,9 milliards d'euros, deux enquêtes préliminaires de police ont été ouvertes. Elles font suite aux plaintes concurrentes de l'ex-trader de la Société générale et de son ancienne banque.

La première procédure, révélée par Europe 1 le 20 avril, a été ouverte à la suite des plaintes pour "escroquerie au jugement et faux" déposées par Jérôme Kerviel contre la banque. La seconde, révélée mardi par RTL, a été lancée sur le fondement de la contre-plainte de la SocGen pour dénonciation calomnieuse. Les deux enquêtes ont été confiées à la brigade financière qui devrait remettre son rapport à la fin de la semaine.

Cinq ans de prison en première instance

Du 4 au 28 juin 2012 prochain, la cour d'appel de Paris doit rejuger Jérôme Kerviel, condamné en première instance à cinq ans de prison dont trois ferme pour une perte de 4,9 milliards d'euros subie par la banque en 2008.

Jérôme Kerviel, qui a également été condamné à rembourser la perte, est pour l'instant libre et n'a encore rien payé, l'appel étant suspensif. L'ex-trader avait incriminé le système bancaire lors du premier procès et la direction de la banque, estimant qu'elle avait fermé les yeux sur ses agissements.

Un enregistrement d'une conversation tronquée ?

Après avoir changé d'avocat, Me David Koubbi remplaçant Me Olivier Metzner, le prévenu maintient sa stratégie et c'est dans ce cadre qu'interviennent ses nouvelles plaintes. Me Koubbi assure avoir démontré par une expertise privée qu'un enregistrement d'une conversation entre Jérôme Kerviel et ses supérieurs au siège de la banque au moment de l'affaire avait été tronqué.

Une version que conteste la banque. Elle rétorque que les enregistrements dans une salle des marchés sont gérés par un système de sécurité internationale qui rend toutes falsifications impossibles.

Une déduction fiscale

Me Koubbi reproche aussi à la SocGen d'avoir dissimulé qu'elle avait bénéficié d'une déduction fiscale de près de 1,7 milliard d'euros en dédommagement de l'épisode, au titre d'une "perte exceptionnelle". La banque nie aussi cette accusation et assure avoir versé cette information au dossier judiciaire.

La banque de son côté reconnaît avoir fait des opérations fictives mais pour liquider le plus vite possible les fausses opérations de Jérôme Kerviel afin d'éviter la spéculation.

"La banque savait"

Au mois d'avril, Jérôme Kerviel avait réapparu devant la presse un an et demi après sa dernière conférence de presse. "Je ne comprends toujours pas pourquoi ce dossier s'appelle l'affaire Kerviel et pas l'affaire Société générale. Il est évident, de ce que j'ai vécu et des pièces qui sont au dossier, que mes supérieurs étaient informés de ce que je faisais et la banque savait", a lancé Jérôme Kerviel, accompagné dans cet exercice de Me Koubbi, l'avocat qui avait notamment défendu Tristane Banon.