Tarnac : un "sabotage" reconstitué

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avec Fabienne Le Moal , modifié à
La justice a retracé la nuit de Julien Coupat pour confronter sa version avec celle de la police.

Julien Coupat et ses proches, surnommés le groupe de Tarnac et qualifiés d’ultragauche, ont-ils essayé de saboter une ligne de TGV dans la nuit du 7 au 8 novembre ? Au-delà de cette question, la justice a voulu aussi tester la véracité des accusations policières, dont les procès verbaux présentent de nombreuses incohérences.

Pour répondre à ces questions, la justice a organisé dans la nuit de jeudi à vendredi une reconstitution des déplacements de deux membres du groupe de Tarnac. Entre 02 heures 30 et 07 heures trente, gendarmes et juges ont longé la ligne TGV-Est à Dhuisy, en Seine-et-Marne. Mais les avocats de la défense ont fini cette reconstitution très sceptiques : les juges n'ont en effet pas reconstituer la filature policière, celle-là même qui a permis aux policiers d'accuser Julien Coupat.

Pointer les incohérences policières

Cette reconstitution était demandée par les avocat de Julien Coupat, qui, avec Yildune Levy, est mis en examen dans cette affaire mais conteste le compte-rendu de leur filature par la police cette nuit là. La défense des deux jeunes gens met en doute la vraisemblance de ce procès-verbal de filature, baptisé D104, considéré comme une pièce centrale du dossier sans lequel, selon eux, s'effondre toute l'accusation.

Julien Coupat a donc été emmené dans la commune de Trilport en compagnie de ses avocats, le tout sous escorte policière. Les alentours de la voie ferrée étaient interdits d'accès par de nombreuses forces de l'ordre, tandis qu’un hélicoptère survolait constamment la zone.

160 km/h en pleine nuit sur des routes de campagnes

Selon les enquêteurs, Julien Coupat et Yildune Levy se trouvaient en voiture sur la commune de Dhuisy cette nuit-là et se sont arrêtés à proximité de la ligne TGV-Est pendant une vingtaine de minutes vers 4 heures du matin.

Au passage du premier train à 5 heures du matin, une gerbe d'étincelles était observée et plus tard dans la journée la police ferroviaire établissait qu'un sabotage avait été organisé sur la ligne à partir d'un crochet constitué de morceaux de fers à béton.

Selon les avocats, les policiers chargés de la surveillance ne pouvaient être à Dhuisy à l'heure indiquée sur le PV, car cela impliquerait qu'ils aient voyagé à plus de 160km/h pendant 10 minutes. Les enquêteurs ont plaidé "l'erreur matérielle" en raison de la nuit.

"C'était un simulacre de reconstitution"

"Les quelques vérifications qu'on a pu obtenir, encore une fois à l'arraché, d'évidence confortent et consolident tout ce que nous disons inlassablement maintenant depuis 1 an et demi, deux ans. C'est-à-dire que les constatations policières sont entachées d'incohérences, d'affirmations me,mensongères. Donc les incohérences que nous stigmatisons depuis le début sont parfaitement établies", a réagi l'avocat William Bourdon à l'issue de la reconstitution.

Mais les avocats de Julien Coupat ont dénoncé "un simulacre de reconstitution", et ont annoncé qu'ils formuleraient prochainement une nouvelle demande de reconstitution. Selon Me Thierry Levy, plusieurs actes qui ont été demandés au cours de la nuit - notamment la vérification de la capacité des enquêteurs à identifier Julien Coupat au pied des voies - leur ont été refusés. La défense conteste également la présence de la Mercedes de Julien Coupat à proximité de la voie ferrée, relevant des contradictions sur sa position entre différentes pièces du dossier.