Surveillance : des cadres d'Ikea savaient

D'après Le Canard Enchaîné, des cadres d'Ikea étaient au courant de la surveillance illégale exercée sur des salariés et des clients.
D'après Le Canard Enchaîné, des cadres d'Ikea étaient au courant de la surveillance illégale exercée sur des salariés et des clients. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Des cadres dirigeants connaissaient les pratiques d’espionnage, selon Le Canard Enchaîné.

L’affaire d’espionnage des salariés chez Ikea rebondit. Le Canard enchaîné, qui paraît mercredi, affirme qu’ "une flopée de cadres dirigeants" du distributeur de meubles en France étaient au courant de la surveillance illégale de salariés et de clients. Ces cadres étaient "abreuvés d’informations volées", issues du fichier de police Stic, de celui des cartes grises ou des permis de conduire, et fournies par des enquêteurs privés.

La semaine dernière, l’hebdomadaire satirique avait déjà accusé la "direction risque" du groupe d’avoir mené de telles pratiques. Ikea avait alors aussitôt annoncé la mise en disponibilité de l’intéressé et le lancement d’une enquête interne. De son côté, la justice, saisie par le syndicat FO, a ouvert une enquête préliminaire sur ces faits.

Courriers envoyés à la hiérarchie

Or, selon Le Canard enchaîné, le "costume taillé par Ikea" pour le directeur du département "risque" est "un peu large". "Bien souvent, le Monsieur Sécurité transmettait en copie les informations illicites aux patrons des magasins" et à la hiérarchie de la société, affirme l’hebdomadaire, courriers à l’appui. Le responsable du recrutement au siège, le directeur financier adjoint, le chargé des relations clients, le directeur général et le directeur des ressources humaines auraient ainsi reçu ces informations illégales.

Ikea France a dit de son côté ne pas avoir encore pris connaissance de l’article du Canard Enchaîné, ajoutant que "l’enquête interne a commencé hier [lundi]. On est vraiment au début de notre investigation".

La direction "ne pouvait pas ignorer"

D’autres révélations sont venues embarrasser Ikea France lundi. Le site Mediapart assure que Jean-Louis Baillot, directeur général d’Ikea France entre 1996 et 2009, "a bien eu connaissance de certaines des méthodes mises en œuvre par le responsable de la sécurité". Mediapart a publié lundi des échanges de courriels entre Jean-Louis Baillot et la directrice des ressources humaines, au sujet d’une cadre qui aurait abusé d’un arrêt maladie pour partir en vacances au Maroc.

Pour un ancien employé de l’entreprise, qui a appris par voie de presse qu’il avait été espionné, l’implication de la direction ne fait aucun doute. "Je ne comprends pas la direction d’Ikea qui déclare ‘se dissocier des pratiques de surveillance illégales’ alors qu’elle ne pouvait pas l’ignorer, ne serait-ce que par le coût et le canal de financement" des enquêtes, s’insurge-t-il.