Retour sur 32 heures de siège

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avec agences et Sébastien Krebs , modifié à
RÉCIT - L'opération du Raid pour arrêter Mohamed Merah s'est soldée par la mort du suspect.

Il s'agit de l'une des opérations les plus longues jamais menée par les policiers d'élite du Raid. Au terme de plus de trente heures d'intervention, Mohamed Merah, auteur présumé des tueries de Montauban et Toulouse, a été tué. Depuis 3 heures du matin mercredi, les policiers ont alterné tentatives d'approches et longs pourparlers par talkie-walkie, avant d'opter pour une guerre d'usure afin d'éprouver le suspect. Europe1.fr revient sur les temps forts de cette opération.

Mercredi, 3 heures du matin, l'opération commence. C'est dans la nuit de mardi à mercredi que les policiers d'élite du Raid débutent leur opération dans ce quartier résidentiel de Toulouse. Le dispositif est impressionnant : 300 hommes sont mobilisés et un large périmètre de sécurité est mis en place dans le quartier. L'immeuble où habite Mohamed Merah est cerné. Des tirs sont échangés et le suspect blesse deux policiers. Un troisième homme du Raid sera touché, un peu plus tard, à l'épaule. Au même moment, la mère de Mohamed Merah, son frère et la compagne de celui-ci sont placés en garde à vue. Dans la voiture du frère du suspect, les policiers retrouvent des explosifs. 

L'immeuble du suspect cerné dans la nuit de mercredi à jeudi :

7 heures, le profil du suspect se précise. Sur place, des coups de feu sont entendus épisodiquement. Vers 7 heures, Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, affirme que Mohamed Merah "parle beaucoup de son engagement au profit d'Al-Qaïda et de la cause djihadiste". "Notre souci est de l'interpeller vivant", affirme le ministre, ajoutant que Mohamed Merah a dit vouloir se rendre "dans l'après-midi". Le suspect lance par la fenêtre un colt .45, en échange d'un talkie-walkie, et assure qu'il détient un véritable arsenal : une Kalachnikov, un pistolet-mitrailleur Uzi israélien, ainsi que plusieurs armes de poing.

11 heures, le quartier est évacué. La journée est marquée par des négociations chaotiques. Alors qu'il avait auparavant largement communiqué avec le Raid, Mohamed Merah rompt le contact vers 11 heures. Quant à l'immeuble, il est finalement évacué et ses habitants pris en charge par une cellule psychologique. 

Les négociations reprennent à la mi-journée. Le tueur présumé dit maintenant vouloir se rendre en début de soirée. A chaque tentative des policiers pour entrer dans l'appartement, le suspect réplique en tirant avec une arme à feu.

21 heures, le quartier est plongé dans le noir. Vers 21 heures, le quartier tout entier est plongé dans le noir. Peu avant 23 heures, Mohamed Merah affirme "qu'il ne se rendra pas, qu'il ne se laissera pas faire et que s'il était pris, il tuera des policiers", rapporte Claude Guéant. Le suspect ne donnera plus le moindre signe de vie jusqu'à l'assaut final.

Le procureur de la République de Paris fait le point sur les négociations :

Une nuit de pressions. Pour le ministre de l'Intérieur, Mohamed Merah est entré dans "une logique de rupture" et déclare vouloir "mourir les armes à la main". Les hommes du Raid engagent alors une véritable guerre d'usure contre le suspect. Ils font exploser, régulièrement, des charges puissantes près de ses fenêtres pour le déstabiliser, balaient la façade d'un faisceau lumineux et font couper l'eau, le gaz et l'électricité. Dans la nuit, les volets de son logement sont retirés. 

La guerre d'usure du Raid :

11 heures, l'assaut final est donné. La décision est finalement prise jeudi matin : les hommes du Raid vont intervenir, alors que Claude Guéant dit espérer que Mohamed Merah est "encore vivant". Trois fortes détonations sont entendues vers 10h30, probablement un dernier avertissement au suspect. Une demi-heure plus tard, les hommes du Raid pénètrent dans son appartement, avec la plus grande prudence. Ils ne savent en effet pas si le logement a été piégé, ni où se trouve Mohamed Merah. Aidés de moyens vidéo, ils explorent l'appartement pièce par pièce. C'est dans la salle de bains qu'ils trouvent le tueur présumé, retranché.

Le récit de l'assaut :

Une fusillade éclate alors, d'une violence inouïe : 300 cartouches sont tirées. Un policier du Raid confie qu'il n'a jamais vu un échange de tirs aussi violent. La fusillade dure environ cinq minutes et c'est probablement à ce moment que trois policiers sont blessés, dont un grièvement. Mohamed Merah tente ensuite de sortir de la salle de bains. Il ouvre la fenêtre, enjambe le balcon, une arme à la main. "Il a été retrouvé mort au sol", précise Claude Guéant. Mohamed Merah a été touché par les balles des tireurs du Raid postés autour.

La fusillade entre Mohamed Merah et le Raid :