Procès Krombach : le docteur mis en difficulté

Le médecin allemand a livré vendredi un témoignage décousu, empreint d'incohérences et d'explications étranges.
Le médecin allemand a livré vendredi un témoignage décousu, empreint d'incohérences et d'explications étranges. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Des contradictions avec de précédentes dépositions ont été mises en lumière vendredi.

La défense de Dieter Krombach est mise à mal. Le médecin allemand, jugé depuis mardi devant la cour d'assise de Paris pour la mort de sa belle-fille Kalinka en juillet 1982, a livré vendredi un témoignage décousu, empreint d'incohérences et d'explications étranges.

Un traitement en fer inapproprié ?

Il s'est notamment longuement justifié sur les injections de fer et de cobalt qu'il administrait à l'adolescente de 14 ans pour la guérir de sa prétendue anémie. Des justifications jugées insuffisantes par la présidente de la cour d'assises de Paris, Xavière Siméoni.

Plusieurs scénarios sont envisagés : une mort provoquée par un traitement incongru, un décès dû à des abus sexuels sous sédatifs ou une combinaison des deux. Le jour des faits, Kalinka avait pris le soleil et s'en plaignait, ont raconté tous les témoins.

"Pourquoi dans ce cas lui avoir administré avant qu'elle aille se coucher une piqûre d'une solution à base de fer, contre-indiquée après les repas et en situation de fatigue ?", a demandé la présidente à l'accusé. "C'est elle qui me l'a demandé", a répondu Dieter Krombach. "C'est vous le médecin, pas Kalinka", lui a alors fait remarquer la magistrate.

Le professeur Peter Schonhofer, entendu vendredi sur les conclusions d'une expertise pharmacologique dont l'avait chargé, en 1985, la justice allemande, a assuré que ces injections de fer n'étaient "pas nécessaires parce qu'il n'y avait pas de pathologie" chez l'adolescente. Plus grave, détaille-t-il, deux types d'effets secondaires peuvent survenir : un "choc" cardio-vasculaire immédiat ou une réaction à retardement, moins brutale, assortie de fièvre et de nausées.

Un viol sou somnifères ?

La piste d'un viol sous l'emprise de somnifères est également envisagée par la cour d'assises. C'est d'ailleurs ce dont est convaincu André Bamberski, le père de Kalinka.

Dieter Krombach a assuré s'être réveillé dans la nuit précédant le drame pour donner des somnifères à sa belle-fille qui se plaignait de ne pas trouver le sommeil. "Mon autre fille Diana a fait du bruit en rentrant dans la nuit, je me suis levé, Kalinka aussi. Elle m'a demandé un somnifère, pour la première fois. Je suis allé dans la cuisine et je le lui ai donné", a-t-il détaillé.

D'autres habitudes du docteur, mises en lumière pendant l'enquête laisse penser qu'un viol sous somnifères est possible. Dieter Krombach avait en effet été condamné dans les années 1990 en Allemagne pour avoir drogué une patiente mineure, puis l'avoir violée dans son cabinet. Le procès se poursuit lundi.