Pollution : les choix de la France en cause

Les véhicules diesel sont particulièrement pointés du doigt lors des pics de pollution.
Les véhicules diesel sont particulièrement pointés du doigt lors des pics de pollution. © MAXPPP
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avec Martial You et Sandrine Andréï , modifié à
Les véhicules diesel sont particulièrement pointés du doigt lors des pics de pollution.

Le beau temps est revenu et avec lui, les pics de pollution. La circulation des voitures, et notamment des véhicules diesel, est particulièrement mise en cause.

380.000 morts chaque année à cause du diesel

Avec des particules beaucoup plus fines, les moteurs diesel polluent plus que les moteurs essence. Malgré les filtres catalytiques, ces particules s'enfoncent dans les bronches et favorisent les maladies respiratoires, comme l'asthme. En Europe, 380.000 personnes meurent chaque année de la pollution de l'air liée au diesel.

Mais il est difficile de faire baisser la part des véhicules diesel. Surtout en France, où le parc automobile est le plus diésélisé d'Europe. Comme le diesel est subventionné, il est toujours moins cher que l'essence - un critère essentiel pour les automobiliste. Tous les 1.000 kilomètres, un automobiliste qui roule au diesel paiera 44 euros de moins qu'un autre qui roule au sans-plomb.

"Aujourd'hui ont vend pratiquement 70% de nos véhicules en motorisation diesel, tout simplement parce que à la pompe, ça coute moins cher. C'est vrai que l'écart de prix se resserre, mais quand on compare le cout au km, un véhicule diesel coûte pratiquement 35% de moins au km qu'un véhicule essence", abonde Édouard Georges, concessionnaire Peugeot en banlieue parisienne, interrogé par Europe 1.

Le litre de diesel au même prix que le sans-plomb ?

Pour en finir avec la suprématie du diesel en France, certains - comme les écologistes - proposent donc de fixer le litre de diesel au même prix que l'essence. La mesure a déjà été adoptée outre-Manche et l'on constate que le marché ne s'est pas effondré : on compte désormais autant de voitures diesel qu'essence sur les routes britanniques.

Pour Michel Dubormel, le "Monsieur Transport" de France Nature Environnement, sortir les voitures des centres-villes reste la solution la plus efficace. Une expérience qui fonctionne déjà ailleurs, assure-t-il au micro d'Europe1.

"Toutes les grandes villes au niveau européen ont mis en place des zones à faible émission. Des villes comme Berlin où la voiture polluante est interdite depuis 4 ans. Ces villes là se portent très bien, sur le plan économique et sur le plan de la santé. Alors donnons-nous trois ans mais donnons des objectifs ambitieux", propose-t-il.

Pourtant depuis quelques années, sous la pression des autorités européennes, les constructeurs ont fait des progrès sur leurs moteurs diesel. Tous les modèles sont désormais équipés de filtres à particules qui captent 99% des polluants. Certaines voitures ont même un additif qui élimine le NOX, un autre polluant diesel.

L'effet pervers du "bonus-malus"

Le vrai problème réside dans le vieillissement du parc automobile français et les effets pervers du "bonus-malus". Les vieux modèles diesel polluent énormément, or l'âge moyen des voitures en France est de 8 ans. Mais les récentes primes qui ont encouragé à changer de véhicule n'ont pas forcément amélioré la situation : si un moteur diesel récent émet 15% de CO2 de moins qu'un moteur essence, il pollue plus. Or, les petites voitures diesel qui bénéficiaient d'un fort bonus se sont arrachées. Il faudra désormais attendre qu'elles partent à la casse...

Mais selon François Roudier, du comité des constructeurs français, ce problème va se régler tout seul. Cela coûtera en effet trop cher de créer des petites voitures diesel moins polluantes à cause des nouvelles normes. "Souvenons nous que ce sont des marchés ou on est entre 6.000 et jusqu'à 11.000 euros sur le prix d'achat du véhicule. Un filtre à particule on l'estime à 1.000 euros. Les toutes petites voitures avec un moteur diesel seraient totalement non rentable pour les constructeurs donc elles vont disparaître", commente-t-il au micro d'Europe 1.

L'étape suivante sera de s'attaquer à la circulation des camions, qui représentent pas moins de 70% de la consommation de diesel en France.