Permis : une aide chasse l'autre

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avec AFP , modifié à
Les dispositifs d’aide au permis de conduire se sont multipliés. Avec quels résultats ?

Le permis de conduire s’est imposé comme le thème fort de ce week-end de campagne électorale. Conscient que l’inflation des tarifs des auto-école empêchent de nombreux Français de le passer, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont tour à tour proposé un nouveau dispositif pour faciliter l’accès au permis.

Les nouvelles propositions. Le candidat socialiste propose que "chaque jeune en service civique" puisse, en échange, bénéficier d’un "forfait" pour passer son permis de conduire. Le candidat UMP souhaite, lui, que l’examen du Code de la route se fasse au lycée pour désengorger les école de conduite et raccourcir les délais.

Faciliter l’obtention du permis de conduire n’est pourtant pas une première : de nombreux dispositifs existent déjà, dont certains n’ont même pas deux ans d’ancienneté. Mais si les candidats planchent sur de nouvelles aides, c’est justement parce que les dispositifs existants n’ont pas donné entière satisfaction. Le constat est pourtant limpide : hormis l’Allemagne, le permis français est le plus couteux de l’Union Européenne.

DES DISPOSITIFS EXISTENT DÉJÀ

Le "permis à un euro par jour". L’objectif est simple : que le coût d’une formation ne soit pas un frein pour les jeunes les plus précaires. Le dispositif créé en 2009 propose donc aux moins de 26 ans un prêt à taux zéro étalé sur 40 mois, ce qui ramène le permis à 30 euros par mois en moyenne. Cette aide doit théoriquement bénéficier à 20.000 personnes par an.

Si l’Etat se porte garant du prêt, c’est aux banques que revient la décision de valider ou non un dossier. Or ces dernières ont tendance à ne pas prêter aux personnes issues de milieu défavorisé ni aux chômeurs. Résultat, ce qui devait faciliter l’accès au permis pour les plus désargentés est devenu une simple facilité de paiement pour des personnes qui n’en avaient pas forcément besoin.

L’opération "10.000 permis pour réussir". Conçue en 2010 par le haut-commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, cette aide cible les jeunes défavorisés qui ne trouvent pas un emploi, faute d’avoir un permis de conduire.

Chaque année, un tirage au sort a lieu parmi les demandeurs, les chanceux bénéficiant alors d’une aide de 1.000 euros. Fin 2011, 6.300 jeunes en ont bénéficié selon les chiffres de l’administration. Une goutte d’eau lorsqu’on sait que près d’un million de personnes passent leur permis chaque année.

Le dispositif spécial chômeurs. Dans la même veine que le dispositif Hirsch, cette aide s’adresse aux chômeurs qui peinent à trouver un emploi à cause d’un défaut de permis. Le bénéficiaire doit être inscrit au chômage depuis au moins six mois de manière continue et peut obtenir 1.200 euros de Pôle emploi ou 1.500 euros s’il bénéficie du RSA.

Cette aide ne peut être attribuée qu'une fois, et pas en cas de perte du permis pour infraction au code de la route. Le bilan de ce dispositif reste méconnu, faute de chiffres fournis par l’administration.

La bourse au permis de conduire. Une centaine de collectivités locales ont lancé ce projet que le candidat socialiste souhaite généraliser. Le principe est simple : financer une partie du permis des jeunes en échange d’actions d'intérêt général pendant 40 à 50 heure. La Sécurité routière recense 13 régions, 33 départements et une grosse centaine de communes concernés. Si le principe est limpide, le dispositif ne cible en revanche pas les bénéficiaires puisqu'il ne prend pas en compte des plafonds de ressources.