OGM : juste un "coup médiatique" ?

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Nouvel acte de la bataille : des scientifiques accusent l’étude-choc publiée mi-septembre.

Gilles-Eric Séralini, qui a dirigé une étude choc sur la toxicité d'un maïs OGM, avait déjà anticipé. Le 24 septembre dernier, il avait répondu par avance aux critiques qui ne manqueraient pas de le viser, ourdies, selon ses dires, par les lobbies pro-OGM. Et, en effet, la contre-attaque n’a pas tardé mais elle provient de scientifiques reconnus.

Une quarantaine de chercheurs de l'Inra, du CNRS et de l'Inserm l’accusent d"'opposition idéologique" dans une tribune publiée par Marianne. "Cette étude doit être considérée plus comme un coup médiatique que comme une révélation de résultats scientifiques", écrivent ces scientifiques, principalement issus de ces trois organismes publics français qui réalisent études et expérimentations sur les OGM.

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Que montrait l’étude qu’ils décrient ? Après avoir élevé plusieurs groupes de rats et les avoir nourri avec ou sans OGM, un groupe de laboratoires a étudié les conséquences d’une alimentation génétiquement modifiée durant deux ans, une période inédite. Bilan : une mortalité et un taux de tumeurs bien plus élevés chez les rats qui ont consommé du maïs OGM Monsanto NK603.

Que contestent ces scientifiques indignés ? Ces derniers estiment que la méthodologie de cette étude est pleine de lacunes : "petite taille des effectifs par lot qui ne permet pas de tirer des conclusions statistiques sérieuses", "manque de précisions sur la composition de la nourriture donnée au rats" ou "lignée de rats qui développent spontanément des tumeurs".

Leurs critiques sont-elles fondées ? Sachant que l’étude qu’il a dirigée n’allait pas tarder à provoquer de vives réactions, Gilles-Eric Séralini avait pris les devants dès le 24 septembre. Il s’agit de "l’étude la plus longue et détaillée jamais faite sur un OGM", a-t-il argumenté. Quant aux échantillons, accusés d’être trop restreints, il répond que l’autorisation elle-même du maïs NK 603 s’est faite sur la même base.

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Le débat est-il 100% scientifique ? Au-delà du protocole scientifique, ces chercheurs reprochent aux auteurs de la première étude d’être dans "une opposition stérile, souvent idéologique, et volontairement stigmatisante". "L'hypermédiatisation, savamment organisée, de cette étude" fait partie des "entraves à un débat serein", écrivent les chercheurs, qui appellent à ne pas faire "l'impasse" sur des technologies qui peuvent, selon eux, permettre de répondre à "des défis majeurs" comme le changement climatique et l'accroissement rapide de la population mondiale.

Qui sont ces détracteurs ?  Des scientifiques qui souhaitent poursuivre avant tout leurs recherches pour mieux connaître les OGM et savoir dans quelles conditions les utiliser. Problème : certains de leurss laboratoires sont financés par l’industrie de l’ingénierie génétique qui, elle,  a des objectifs très clairs : breveter le vivant et gagner de l’argent. Accusé, Gilles-Eric Séralini voit donc derrière ces critiques la main des lobbies pro-OGM.