Nu chez lui, il est gardé à vue

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Fabienne Cosnay , modifié à
Un retraité nantais a passé une journée en rétention, après qu’une ado a déclaré l’avoir vu nu.

Il a décidé de raconter son histoire pour dénoncer le recours trop systématique à la garde à vue. Le 9 février, Pierre Poirier, un retraité âgé de 65 ans, ex-assesseur au tribunal pour enfants, est convoqué par la police. On lui annonce qu’il est placé en garde à vue. Le motif ? Une jeune fille de 15 ans affirme l’avoir vu tout nu à son domicile, à travers le vitrage dépoli de la porte d’entrée. Venue vendre des billets de tombola, l’adolescente s’enfuit.

Pierre Poirier conteste les faits. Il est placé en cellule vers 9h30 ce 9 février. En début d’après-midi, l’adolescente est convoquée au commissariat pour identifier celui qu’elle soupçonne d’exhibition. Elle ne le reconnaît pas. Pierre Poirier est pourtant réintégré en cellule. Sa femme est convoquée au commissariat et interrogée pendant une heure.

Vers 18h, l’officier de la police judiciaire de la brigade des mineurs lui annonce le classement sans suite de l’affaire.

"Des vérifications simples, comme une enquête de terrain au domicile de mon client auraient permis d’éviter son placement en garde à vue" regrette aujourd’hui son avocat, Maître Benoît Poquet. "Pierre Poirier" s’est senti extrêmement humilié" poursuit-il.

Ce que dit la loi

Le délit d'exhibition sexuelle est prévu et réprimé par l'article 222-32 du code pénal. L’infraction a remplacée l'outrage public à la pudeur. Pour qu’il y ait exhibition sexuelle, il doit être démontré" au moins un des deux motifs suivants : la personne poursuivie a eu l’intention de provoquer la pudeur publique", "sa négligence n'a pas permis de dissimuler à la vue des tiers l'acte obscène". L’infraction est punie d’ un an d'emprisonnement et 15 000 € d'amende.