Niger : les amis des otages indignés

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Ils regrettent que "la mort de nos amis serve la propagande politique sécuritaire du gouvernement".

Les proches d'Antoine de Léocour, enlevé au Niger et décédé lors de l'assaut des forces françaises contre les ravisseurs, dénoncent la récupération politique de cette prise d'otage dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Défense Alain Juppé. Ils relient notamment ce tragique épisode, revendiqué depuis par Al Qaïda au Maghreb islamique, avec la politique militaire et économique de la France en Afrique.

Ses amis de Master professionnel regrettent notamment que "la mort de nos amis serve la propagande politique sécuritaire du gouvernement" et dénoncent les liens entre cette tragique prise d'otage et "la politique de la France dans la région".

"La mission de l'armée française consiste-t-elle à abréger les souffrances de ses ressortissants, (...) ou a-t-elle pour objectifs de démontrer - quel qu'en soit le prix - que la France est prête à entrer dans l'escalade de la violence au nom de son combat pour la démocratie et contre le terrorisme ?", écrivent les six amis d'Antoine de Léocour.

La France pointée du doigt pour son action dans la région

"Nous rappelons que les populations sahélo-sahariennes sont les véritables otages de la situation géopolitique, privées de leurs droits civiques et des ressources qui les entourent", expliquent-ils, avant d'ajouter : "le risque est grand pour nous, citoyens français, de nous retrouver otages de nos gouvernements dans l’escalade de la violence et l’acceptation de la désinformation".

"Les organisations, privées comme publiques, qui spolient des ressources naturelles avec l’accord tacite des gouvernements ne sont-elles en partie responsables des risques qu’encourent nos ressortissants dans ces territoires ?", s'interrogent-ils.

Les corps des deux Français autopsiés

Une autopsie a par ailleurs été menées sur les corps des deux otages français, afin de déterminer les causes de leur décès. Ces derniers portent des traces de balles et étaient entravés lorsqu'ils ont été retrouvés, a annoncé jeudi le ministère français de la Défense. Selon le procureur de Paris Jean-Claude Marin, Vincent Delory et Antoine de Léocour, les deux Français tués samedi au cours d'une intervention armée française contre des islamistes qui les avaient enlevés la veille au Niger, ont été choisis au "hasard" par leurs ravisseurs.

L'autopsie a permis de déterminer qu'Antoine de Léocour avait été tué d'une balle dans la tête, tirée avec une arme automatique "à bout touchant". Ces informations accréditent la thèse d'une exécution, selon le procureur. En revanche, "les causes de la mort sont plus difficiles à établir pour Vincent Delory". Tout le bas du corps du jeune homme a été carbonisé et il présente "cinq plaies par armes à feu". Parmi les hypothèses de décès avancées, figurent les conséquences de "brûlures extrêmement importantes", l'inhalation possible de gaz toxiques ou une balle létale, selon Jean-Claude Marin.