Monflanquin : Tilly se met en scène

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Au troisième jour de son procès, le présumé "gourou" a continué le récit romancé de sa vie.

Jugé jusqu'au 5 octobre pour abus de faiblesse et violences volontaires devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, Thierry Tilly, a continué le récit romancé de sa vie rêvée, mercredi au troisième jour d'audience. Le gourou présumé des "reclus de Monflanquin", une riche famille d'aristocrate qu'il aurait manipulée et ruinée pendant 10 ans, continue de semer le trouble sur sa personnalité en "saoulant" son auditoire, y compris la présidente du tribunal. Un spectacle en trois actes.

Il noie le tribunal sous les détails.  Le prévenu a continué de répondre aux questions avec agilité et un luxe de détails particulièrement sur sa famille. Il s'est attardé jusqu'à évoquer "la mère de sa grand-mère" et la "sœur aînée de sa grand-mère".

Puis il s'est emballé en évoquant sa femme, avec qu'il a vécu un amour passionnel grâce à "des talents multiples et des passions communes". D'ailleurs, précise Tilly, son épouse possédait parmi ses dons, "des yeux qui voient mieux les couleurs que les autres"…

"Le tribunal est limité, il ne peut pas aller aussi vite que vous", a plusieurs fois lancé la présidente du tribunal, Marie-Elisabeth Bancal, à Thierry Tilly, toujours aussi prolixe.

Il méprise les parties civiles. La défense du prévenu consiste principalement à indiquer que les sommes versées par la famille de Védrines correspondait à l'achat de lots immobiliers dans les Alpes. Pas d'enrichissement personnel donc. Mais il a aussi admis avoir chargé les petits-enfants d'apporter à Paris des dizaines d'enveloppes d'argent à une fausse association humanitaire, la "Blue Light Foundation". Thierry Tilly s'en est expliqué : "ces enfants avaient demandé à faire des actes de bienfaisance" dit-il, "quand on fait de la bienfaisance on commence de bas en haut, comme dans une entreprise quand on commence par faire des photocopies". 

Toujours dans le mépris, il a raconté comment il avait envoyé une des petites-filles de la famille, alors étudiante à Bordeaux, vendre toute une valise de bijoux de famille à Londres, afin de l'éloigner des "tournantes qui avaient lieu dans les rallyes". Enfin le "gourou" donne son avis sur la personnalité de chacun, n'hésitant pas à qualifier un autre des petits enfants de "dictateur".

Il s'invente des amis célèbres… ou pas. Thierry Tilly avait expliqué au premier jour d'audience, avoir sauté en parachute d'un Transall grâce à une dérogation du Général Bigeard. Cette fois encore, il a égrené les noms et les références historiques. Il n'a eu de cesse de répéter que sa famille avait participé à la naissance du Parti communiste français, d'ailleurs, Anicet Le Pors, un des quatre ministres communistes du gouvernement Mauroy (81-84) était présent aux obsèques de son grand-père…  Puis il a expliqué que sa grand-mère était "cousine de Vaclav Havel". Thierry Tilly a également raconté qu'il avait dû, par le passé, se partager un héritage avec une arrière," fille de Josiane et de M. Henri qui a le monopole de la fonte d'or en France".

Tout y passe, de Godefroy de Bouillon, en passant par Liliane de Bettencourt. Pour finir le gourou a déclenché un fou-rire dans la salle en affirmant  que "DSK était logé chez des amis à lui à New-York" et provoquant la fin de la séance.