Mediator : les victimes attendent encore

Aucune victime n'a encore été indemnisée
Aucune victime n'a encore été indemnisée
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avec Fabienne Le Moal, Nathalie Chevance et Mélanie Gomez , modifié à
5.799 dossiers ont été déposés auprès d'un collège d'experts, par des victimes parfois très malades.

Les victimes du Mediator sont inquiètes. Six mois après la création d'un fonds d'indemnisation, aucune indemnisation n'a été effectuée. C'est pour étudier les moyens d'accélérer la procédure qu'une réunion a lieu jeudi après-midi.

Au total, 5.799 dossiers ont été déposés, par des personnes qui se trouvent parfois dans un état de santé critique, comme l'explique Me Christine Ravaz, qui a déposé 75 dossiers d'indemnisation. "Dans tous les dossiers que j'ai adressés, il y a hélas des personnes qui depuis sont décédées", affirme l'avocate à Europe 1.

"C'est vital"

Marie-Laure Bach fait partie de ces 5.799 personnes. Elle a pris pendant quatre ans du Mediator, ce qui a provoqué deux valvulopathies. Aujourd'hui, elle doit se faire opérer des dents en urgence, ce qui va lui coûter 6.000 euros. Elle a déposé son dossier d'indemnisation en septembre, parmi les premières, et n'a toujours rien reçu. "C'est inadmissible, c'est vraiment vital maintenant", explique-t-elle à Europe 1.

La lenteur des procédures s'explique par plusieurs facteurs. Le nombre de dossiers, qui dépasse les estimations qu'avaient prévues le gouvernement, la difficulté de trouver des experts (pneumologues, endocrinologues…) sans le moindre lien avec Servier et la complexité de la procédure elle-même.

Les premiers avis d'ici un à deux mois

"Nous traitons 60 dossiers par semaine. Nous essayons de dégager les dossiers les plus délicats pour les faire passer en urgence", répond au micro d'Europe 1 le président du collège d'experts Roger Beauvois.

Il s'exprime pour la première fois :

Sauf que "la procédure doit respecter le principe de la contradiction. C'est-à-dire qu'à chaque fois que le collège va émettre un avis, il envoie un pré-rapport aux parties en leur donnant quinze jours pour leur présenter les observations. Ensuite il répond à leurs observations, ensuite seulement on arrive à l'avis".

Selon lui, "les premiers avis d'indemnisation qui vont être adressés au laboratoire pourraient intervenir dans un délai d'un mois, deux mois maximum". A partir de cette date, Servier aura encore trois mois pour dire s'il accepte ou non d'indemniser la victime. S'il refuse, l'Office d'indemnisation des accidents médicaux le fera, avant de se retourner contre le laboratoire pour récupérer les sommes versées, ainsi qu'une possible majoration allant jusqu'à 30%.