Maternités de pointe: un "engorgement" ?

Après le décès d'un bébé in utero, des voix s'élèvent contre la classification des maternités.
Après le décès d'un bébé in utero, des voix s'élèvent contre la classification des maternités. © Max PPP
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avec AFP , modifié à
Après le décès d'un bébé in utero, des voix s'élèvent contre la classification des maternités.

La polémique. Alors qu'une jeune mère, arrivée au terme de sa grossesse, dit avoir perdu son enfant faute de place pour accoucher, des voix s'élèvent contre la classification des maternités. Le président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens, Jean Marty, a même dénoncé dimanche "le dévoiement" du plan périnatalité.

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Comment fonctionne cette classification ? Depuis 1998, un décret classe les maternités selon le niveau de soins qu'elles peuvent dispenser aux nouveau-nés. Les maternités de type I ne disposent que d'une unité d'obstétrique. Elles permettent donc uniquement une prise en charge des grossesses normales et des situations sans gravité. Les établissements de type II disposent en outre d'une unité de néonatalogie qui permet d'accueillir des grossesses à risque modéré et des nouveau-nés nécessitant une surveillance particulière.

Enfin, les maternités de type III, comme celle de Port-Royal à Paris, peuvent gérer les grossesses à haut risque et disposent d'une unité de réanimation néonatale pour les nouveau-nés présentant des détresses graves.

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Le coup de gueule. Cette classification a "abouti au discrédit des maternités qui n'étaient pas de niveau élevé", estime Jean Marty. "Les gens ont pensé qu'ils étaient plus en sécurité dans les maternités de type III et donc on a eu un engorgement de ces établissements, avec, dans le même temps, la volonté de l'administration de fermer les maternités privées de type I pour récupérer ce volume économique", a-t-il dénoncé.

"Cette politique périnatale, censée améliorer les résultats de morbi-mortalité maternels et infantiles, n'apporte pas les résultats escomptés, bien au contraire. La France voit ses résultats périnataux se dégrader à chaque nouvelle enquête", estime de son côté le Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF). Il demande donc "une prise en charge qui 'fait moins et mieux' pour les grossesses dites à bas risques et 'plus et mieux' pour les grossesses à hauts risques. "Si tous les moyens techniques n'étaient pas monopolisés pour toutes les femmes enceintes, les grossesses qui le nécessitent réellement pourraient en bénéficier en temps et heure !", conclut le CNSF.

La proposition. Le professeur René Frydman, médecin obstétricien, a estimé lundi sur Europe 1 qu'il existait un "problème d'adéquation entre l'offre de soins et la demande" dans les maternités françaises. Regrettant le "débordement" des "grosses maternités", ce spécialiste a estimé qu'"il faudrait refaire un plan de périnatalité plus en adéquation avec les besoins d'aujourd'hui". "Il manque par exemple des maisons de naissance, qui sont des possibilités d'accueil physiologique, géré par des sages-femmes. Ça fait dix ans que ça tourne dans les cabinets ministériels et qu'on n'obtient pas d'autorisation", a-t-il expliqué.