Maltraitance en foyers : "écoutez les enfants"

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avec Antoine Rondel , modifié à
TÉMOIGNAGE - Lyès, 19 ans, a écrit un livre pour dénoncer les maltraitances qu'il a subies en famille d'accueil et en foyer.

"J'ai peut-être pas besoin de vous faire un dessin..." Lyès ne s'attarde pas sur les violences et les maltraitances qu'il a subies enfant, alors qu'il était placé en famille d'accueil ou en foyer. Invité d'Europe 1 jeudi matin, le jeune homme de 19 ans, aujourd'hui éducateur pour le Samu social, a raconté son expérience dans un livre, Dans l'enfer des foyers.

"Je ne l'ai pas fait pour moi, ce livre". Ecrire ce livre, "ça a été très pénible, et en même temps, c'était quelque chose qui me dépassait dans le sens où je l'ai pas forcément fait pour moi, ce livre. Je l'ai fait pour tous les enfants qui sont encore placés aujourd'hui ou qui l'ont été. D'abord, pour qu'ils sachent que c'est pas du tout des cas isolés et que ce qu'ils vivent, ce n'est pas normal. Mais aussi, surtout, pour que les politiques fassent des choses", explique-t-il.

"Maltraitance". Le jeune homme explique qu'après avoir passé plusieurs années dans une famille d'accueil aimante, il est ensuite placé dans une autre famille, où il a vécu "un véritable calvaire", puis une autre qui"avait du mal à me gérer, à comprendre les séquelles que j'avais malgré mon jeune âge. Et la solution de facilité a été de me shooter aux médicaments". Enfin, Lyès est placé en foyer : "un lieu collectif, avec des tranches d'âge différentes qui créent un rapport de forces constant. Des jeunes de 3 ans avec des jeunes de 17 ans, donc forcément, ça crée de la maltraitance malgré tout. Et des professionnels non formés, aussi, qui génèrent aussi de la maltraitance."

"Ecoutez les enfants". "Le sentiment que j'ai ressenti le plus souvent, c'était la solitude face à ce qu'il se passait, de la non-compréhension." Un déclic pour écrire son livre. Son message : "Écoutez les enfants parce que c'est eux qui vivent dans ces structures, c'est eux qui en sont les bénéficiaires et que si on adapte pas ces techniques ou le cadre de vie à leurs besoins, à leurs envies, alors je vois pas l'intérêt de faire des foyers si c'est pour qu'ils s'y sentent mal, au bout du compte."