Les génériques français, trop chers ?

Les génériques français coûtent, en moyenne, plus chers que ceux de la plupart des pays européens.
Les génériques français coûtent, en moyenne, plus chers que ceux de la plupart des pays européens. © MAXPPP
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Marion Sauveur et Olivier Samain
En France, le comprimé est plus onéreux que dans d'autres pays européens. Et les ventes stagnent.

L’engouement pour les médicaments génériques appartient au passé. Depuis deux ans, les Français ont ralenti leurs achats pour ces comprimés de substitution. Pourtant, depuis 2004, ils avaient connu un succès incontestable. Il y a sept ans, les génériques occupaient ainsi 45% du marché pharmaceutique, contre 80% actuellement. Ce chiffre s’est stabilisé depuis 2008. Principale explication : le prix.

La plupart des pays européens moins chers

La Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) a donc des pistes pour remédier à ce ralentissement de vente de comprimés génériques. L'Assurance maladie préconise aujourd’hui d’optimiser les tarifs de ces médicaments en tenant compte des résultats obtenus dans plusieurs pays européens.

Car selon l’analyse de l’Assurance maladie - établie à partir du prix moyen pratiqué sur un comprimé standard générique -, la France n’est pas la mieux placée au niveau tarifaire par rapport à ses voisins. Dans le détail, un générique français coûte ainsi 0,15 euro, contre 0,12 euro en Allemagne, 0,10 euro en Espagne, 0,07 euro au Royaume-Uni et 0,05 euro aux Pays-Bas.

Abaisser de quelques centimes d'euros les tarifs

Pourquoi de telles différences de prix ? La raison est simple. La plupart des pays européens mettent en concurrence les laboratoires pharmaceutiques. Ce qui n’est pas le cas en France. Dans l’Hexagone, le système est plus encadré : pour connaître le tarif d’un générique, une décote est appliquée sur les médicaments de marques. Ainsi, un comprimé de substitution est de l’ordre de 55% moins cher.

Pour relancer le marché des génériques, la Cnam estime qu’il suffirait de baisser le prix de vente, même de quelques cents d’euros. Ce qui serait loin d’être dérisoire compte tenu des volumes de vente.

"Baisser le prix d’un cent d’euros permettrait à la Cnam d’économiser 130 millions d’euros", a indiqué à titre d’exemple Mathilde Lignot-Leloup, la directrice Déléguée à la Gestion et à l'Organisation des soins et auteur de l’analyse sur le sujet. De même, s’aligner sur le prix allemand - 0,12 euro, soit 0,03 euro de moins -, permettrait de réduire les dépenses de l’Assurance maladie "d’environ 400 millions d’euros". Enfin, si la France choisissait de se conformer au prix anglais - 0,07 euro, soit 0,08 euro de moins -, les économies seraient de l’ordre d’un milliard d’euros.

Reste que malgré cette stagnation des ventes de génériques, en 2010, ils ont tout de même permis à l’Assurance maladie d’économiser 1,3 milliard d’euros.