Les fusils à pompe, solution anti-kalachs?

La kalachnikov peut se négocier entre 2.000 et 3.000 euros au marché noir.
La kalachnikov peut se négocier entre 2.000 et 3.000 euros au marché noir. © REUTERS
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Charles Carrasco avec Pierre de Cossette , modifié à
DECRYPTAGE - Face à la kalachnikov qui se banalise, les forces de police vont s'équiper.

C’était une des doléances d’Alliance, un syndicat de police classé à droite. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, y a répondu favorablement. 150 nouveaux fusils à pompe seront livrés avant la fin de l’année à la Sécurité publique. Les services prioritaires seront ceux de la Brigade anti-criminalité (BAC), notamment dans les Bouches-du-Rhône, théâtre la semaine dernière de trois fusillades à la kalachnikov qui ont fait quatre morts.

Quel type d’armes va être livré ? La police, la gendarmerie, les douanes mais aussi l’administration pénitentiaire ont en leur possession une arme de service classique, un pistolet semi-automatique de calibre 9. En plus de cette arme personnelle, la BAC a déjà en sa possession un parc de fusils à pompe. Mais les 19 sections départementales ne sont pas forcément toutes équipées. A priori, l’arme qui sera livrée avant la fin de l’année sera la même qui équipait déjà la BAC : une arme de type "fusil de chasse", calibre 12.

Plusieurs brigades anti-criminalité ont, par ailleurs, fait état de la détérioration de leur matériel. Par exemple, sur les trois fusils à pompe de la BAC de Grenoble, deux sont hors-service, comme l’explique l’un des responsables du syndicat SGP Police, cette semaine au Dauphine Libéré. D’autres brigades possèdent également des fusils mitrailleurs mais ils sont pour la plupart anciens ou usés d’où la volonté du syndicat Alliance d’inciter le président de la République à renouveler le parc d’armes.

Cet armement sera-t-il suffisant ? Depuis quelques années, la "kalach", qui est un fusil d’assaut, est devenue l’armée favorite des malfaiteurs. Les forces de police ont constaté que, dans les quartiers sensibles de Paris ou Marseille, cette arme se banalise. Au marché noir, elle se négocie à environ 2.000 à 3.000 euros. Elle est appréciée par les malfaiteurs pour sa "force de dissuasion".

L’idée d’augmenter le parc de fusils à pompe était de pouvoir répondre aux tirs à la kalachnikov. Mais pas sûr que cela suffise. Pour David-Olivier Reverdy, le secrétaire régional d'Alliance, deuxième syndicat chez les gardiens de la paix, cette décision constitue "une réponse positive à notre demande même si face à la kalachnikov, cela reste symbolique", reconnaît-il.

De son côté, la gauche, dans son ensemble, s’inquiète de ce qu’elle considère comme "une course à l’armement". Pour Ian Brossat, responsable sécurité au Parti communiste, cette dotation "ne résoudra rien… Au concours de l'arme la plus lourde, les caïds gagneront toujours", déplore-t-il.

Y a-t-il d’autres moyens pour agir ? Parallèlement à ce rééquipement, le gouvernement souhaite renforcer la législation sur les armes. Le Sénat a adopté à l'unanimité une proposition de loi UMP-PS simplifiant et renforçant le contrôle des armes. Le texte, voté par les députés en janvier, revoit la classification des armes en fonction de leur dangerosité réelle.Il alourdit substantiellement les peines encourues par les trafiquants d'armes qui risqueront sept ans de prison et 100.000 euros d'amendes. Des peines portées à dix ans et 500.000 euros si ces faits sont commis en bande organisée.

Mais la gauche réclame surtout davantage de moyens et d’effectifs qui ont baissé dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Pour Pascal Durant, porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts, cette dotation cache les vrais problèmes de la police. "La question fondamentale de l'effectif et de l'affectation des personnels des services de police ne pourra être occultée par la dotation systématique aux policiers des BAC de fusils à pompe".