Les enregistrements cachés de l'AF 447

Sur deux heures de dialogue entre les pilotes, seules dix minutes ont été rendues publiques jusqu'ici.
Sur deux heures de dialogue entre les pilotes, seules dix minutes ont été rendues publiques jusqu'ici. © MAXPPP
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Nicolas Gauduin , modifié à
Des conversations remettent en cause les pilotes, selon Le Figaro.

Certains enregistrements retrouvés dans les boîtes noires du vol AF 447 n’auraient pas été dévoilés au public, affirme le site du Figarovendredi. Sur les deux heures originales, "seules dix minutes ont été publiées, allégées de tous les éléments à charge".

Il y aurait deux raisons à la non-diffusion de ces extraits, selon le quotidien : ils n'expliqueraient pas précisément les causes du crash, et mettraient surtout en cause les deux pilotes.

"Ca va turbuler quand je vais me coucher"

Ces conversations "ne reflètent pas le professionnalisme que la corporation des pilotes cherche à dépeindre depuis le début de la semaine", estime Le Figaro. A l'écoute des enregistrements, il apparaîtrait notamment que les pilotes n’ont pas modifié leur route malgré des conditions météo difficiles.

Alerté de la présence de cumulonimbus dans une zone que tous les autres vols de la nuit ont choisi d'éviter, le commandant de bord tranche : "On ne va pas se laisser emmerder par des cunimbs". Or ces nuages chargés de glace seraient susceptibles, indique Le Figaro, de geler les sondes Pitot.

Vingt minutes avant le crash, à l'approche de la zone de cumulonimbus, on entendrait également le commandant de bord quitter le cockpit en s'attendant à des perturbations dans le vol de l'appareil : "Ca va turbuler quand je vais me coucher". Et quelques minutes plus tard : "Allez, je me casse".

La question des alarmes de décrochage

La Tribune avait révélé mardi l'existence d'un élément escamoté dans la version du rapport remise par le BEA vendredi 29 juillet. Il s'agissait d'une recommandation sur l'alarme de décrochage de l'Airbus, alors que la version du rapport publiée pointe la responsabilité des pilotes de l'A330.

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) avait affirmé découvrir cet élément "par voix de presse" et avait exprimé sa colère devant ces "graves révélations", qui avaient "sérieusement entamé" sa confiance envers le BEA.

Des proches de l'enquête "chargent" le SNPL

Mais Le Figaro pense également savoir que le SNPL n'a pas découvert l'escamotage de cette recommandation "par voie de presse", comme l'avait annoncé le syndicat.

Le site du quotidien cite une source proche de l'enquête : "Le SNPL n'apprend rien par voix de presse puisqu'il est associé à l'enquête depuis le début. C'est même lui qui a insisté pour que des recommandations de sécurité soient émises, pour limiter le choc qu'allait être le rapport pour Air France et ses équipages".

Un autre interlocuteur, tout aussi anonyme, s'interroge sur l'attitude qu'adoptera le SNPL dans les prochains jours : "Si les syndicats de pilotes sont tellement attachés à la transparence, vont-ils militer pour que les conversations qui ont eu lieu dans le cockpit soient publiées in extenso ?"

Avant de trancher, lapidaire : "Le SNPL a voulu être associé à l'enquête et maintenant que les conclusions ne lui conviennent pas, il cherche à salir la réputation du BEA." Le Figaro indique ne pas avoir réussi à joindre de responsable du SNPL vendredi pour réagir à ces propos.