Les colonies de vacances menacées ?

Le Conseil d'Etat a jugé lundi que les moniteurs de colonies de vacances avaient droit à un repos quotidien de 11 heures.
Le Conseil d'Etat a jugé lundi que les moniteurs de colonies de vacances avaient droit à un repos quotidien de 11 heures. © MAXPPP
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et milie Denètre , modifié à
Le Conseil d'Etat a jugé que les moniteurs avaient droit à un repos quotidien de 11 heures.

Alors que les vacances de la Toussaint arrivent à grand pas, les parents pourraient payer beaucoup plus cher les colonies de vacances de leurs bambins. Le Conseil d'Etat a en effet jugé lundi que les moniteurs de colonies de vacances avaient droit à un repos quotidien de 11 heures.

Une augmentation de 15 à 20 % des prix des colos

Une réforme souhaitée depuis 2007 par le syndicat Solidaire Isère, qui dénonçait "l'exploitation éhontée 24 heures sur 24" des jeunes "monos". "Tant que de nouvelles dispositions dérogatoires, compatibles avec le droit de l'UE, ne sont pas adoptées, les moniteurs de colonies de vacances ont droit à un repos quotidien de 11 heures consécutives", a reconnu le Conseil d'Etat.

A deux semaines des vacances de la Toussaint, cette décision bouscule totalement l'organisation des colonies de vacances. Pour mettre en pratique cette décision du Conseil d'Etat, les organisateurs de colonies n'ont pas d'autres solutions que de recruter une équipe de moniteurs de nuit, chargée de veiller sur les enfants à partir du coucher.

"C'est ingérable"

Pour Marion, 23 ans, monitrice de colo depuis sept ans, cette nouvelle mesure est purement et simplement "ingérable". "C'est en complet décalage avec ce qu'il se passe dans la pratique. En colonie de vacances, on ne peut clairement se reposer 11 heures de suite", témoigne-t-elle.

"On sait tous qu'on n'a pas le budget pour. Déjà qu'on est payé une misère. A la base, il y a peu de moyens pour payer des moniteurs. Donc, si on doit trouver des fonds pour recruter une deuxième équipe, ce ne sera simplement pas gérable", a commenté Marion au micro d'Europe 1.

Une mesure qui "favorise l'exclusion"

Les associations tablent donc sur une augmentation de 15 à 20% des séjours en colonie de vacances. "Ce sera très dur pour les familles les plus modestes", s'inquiète Freddy Beaurain de la Ligue de l'enseignement.

Ce dernier, ne cache pas son amertume envers de syndicat Solidaire Isère à qui il reproche d'avoir "tapé à côté". "Ça va favoriser davantage l'exclusion. Ils ne se rendent pas compte des répercussions d'une telle mesure", s'est-il alarmé.

Quoi qu'il en soit, les organisateurs de colonies n'ont plus que 15 jours pour imaginer une nouvelle organisation, inventer des roulements d'équipe et surtout embaucher de nouveaux moniteurs. Un casse-tête qui risque aussi de se solder par un manque de compétences des jeunes embauchés.