Les actes homophobes en hausse de 30%

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avec Fabien Cazeaux , modifié à
EXCLU E1 - Un rapport annuel de SOS homophobie souligne cette forte augmentation.

Alors que le mariage pour tous a été définitivement adopté à l'Assemblée en avril dernier, qu'en est-il de l'homophobie en France ? Le bilan dressé par SOS Homophobie est peu encourageant. Dans le cadre de la publication de son 17e "Rapport sur l'homophobie", l'association a confié à Europe 1 que les signalements pour agression homophobe ont augmenté de près de 30% en 2012.

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Une hausse constante. Les violences contre les homosexuels sont donc en forte hausse. Au total, sur l'année 2012, l'association SOS Homophobie a reçu 1.977 sur sa ligne d'écoute. Avec le débat sur le mariage pour tous, la fin de l'année a été particulièrement "intense", analyse Elisabeth Ronzier la présidente de l'association : en octobre et novembre, les témoignages ont doublé en nombre par rapport à l'an passé et en décembre ils ont triplé. 

Malgré certains progrès, le rapport de l'année dernière pointait déjà un développement de l'homophobie en France. A l'époque, les agressions physiques étaient passées de 125 cas en 2010 à 152 en 2011, soit le même nombre qu'en 2005, année record.

Les chiffres de ce rapport, généralement publié à quelques jours de la Journée mondiale contre l'homophobie, sont établis sur les témoignages reçus par l'association, puisque aucune statistique officielle ne recense les agressions homophobes.

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De plus en plus de témoignages. Selon le Mag, une association de l'est parisien, les témoignages de jeunes homosexuels victimes de violences deviennent presque ordinaires. Jusqu'à l'an dernier, c'était l'exception. Il arrive en effet régulièrement que des filles et des garçons, âgés entre 16 et 25 ans, arrivent dans les locaux avec des stigmates d'agressions parfois violentes. Une situation qui alarme le co-président de l'association, Florent Dezenaire.

"Il y a par exemple eu le cas de cette jeune fille qui, le week-end dernier, m'a dit qu'elle s'était fait accoster par un jeune qui lui a dit : 'sale lesbienne, c'est dégueulasse'. Il a commencé à la frapper. Physiquement, elle avait un coquard. C'est assez inquiétant, avec le mariage et l'adoption, on voit tout ce que ça a remué d'homophobie et de gros préjugés", déplore le jeune homme.

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De plus en plus de bénévoles se mobilisent. Florent Dezenaire constate avec désarroi que les jeunes homosexuels victimes d'agressions n'ont personne à qui se confier. "Un jeune qui ne peut pas se confier à ses amis, parce qu'il sent qu'avec le débat ça fait resurgir de l'homophobie, qui quand il rentre chez lui, ses parents voient les informations et disent : 'c'est dégueulasse que des homos se marient', il se retrouve assez seul", témoigne-t-il au micro d'Europe 1.

Si la recrudescence des actes homophobes se poursuit, plusieurs associations redoutent d'atteindre bientôt leurs capacités maximales d'accueil. Et ce, malgré l'arrivée de nouveaux bénévoles. Depuis quelques semaines, des parents, des amis, qui se disent inquiets face à la montée des violences dont sont victimes leurs proches, se montrent en effet prêts à aider.