Le témoignage d'une ex-salariée de PIP

Une ancienne employée de PIP affirme que sa direction l’a menacée pour qu’elle se taise.
Une ancienne employée de PIP affirme que sa direction l’a menacée pour qu’elle se taise. © MAXPPP
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avec Nathalie Chevance , modifié à
- Une ancienne commerciale raconte les méthodes du fabricant d’implants mammaires.

Elle est celle par qui le scandale a fini par éclater. Parce qu'elle n’avait jamais eu de réponse à ses questions, une ancienne commerciale du fabricant d’implants mammaires PIP a préféré quitter l’entreprise, son dossier sous le bras, pour aller tout raconter aux forces de l'ordre. Car au fil du temps, elle s’était rendu compte qu’il y avait de plus en plus de cas de ruptures de prothèses. Une constatation signalée à sa direction, qui ne lui a fait aucune réponse.

D’après elle, l’entreprise lui affirmait "que les prothèses n’avaient pas de problèmes". "Quand on posait des questions un peu trop pertinentes, on n’avait jamais la réponse et on dérangeait", a-t-elle confié à Europe 1. Elle était pourtant aux premières loges pour pouvoir constater les dégâts : l’ancienne commerciale a dû assister à plusieurs explantations de prothèses, aux côtés de chirurgiens.

"Il y a eu des menaces" :

Au bloc opératoire, elle a vu "des enveloppes complètement rompues, du gel pas du tout cohésif, qui partait dans tous les sens" et "des chirurgiens en train de galérer pour assainir" des voies lymphatiques dans lesquelles le gel s’est transformé en huile. Petit à petit, elle a constaté que les rapports d’analyse sur ces prothèses défectueuses n’étaient que "du copier-coller". "Il n’y avait pas d’explications, et au fil des années, le taux de rupture était de plus en plus important".

PIP rejetait la faute sur les chirurgiens

Le secret de la fabrication du gel PIP était bien gardé. "Comme on avait pas accès ni aux papiers, aux fournisseurs, on ne pouvait pas imaginer une seconde qu’il y avait un problème de gel, que ce n’était pas du gel médical, c’était impensable !", se souvient-elle, assurant que l’entreprise rejetait la faute sur les chirurgiens.

"Si j’avais su que c’était des bombes à retardement, jamais de la vie je n’aurais accepté de vendre ce type de produits", affirme-t-elle aujourd’hui. PIP a tenté de la faire taire. "Il y a eu des menaces", soutient la mère de famille, qui a fini par partir. Aujourd’hui, elle espère voir Jean-Claude Mas, le fondateur de la société, derrière les barreaux : "il reconnaît les faits et il est dehors : que fait la justice ?".