Le coup de com' de l'avocat de Sarkozy

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Alain Acco et , modifié à
Me Thierry Herzog a sous-entendu que dans le dossier Bettencourt, le juge s'était trompé mais...

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est ressorti jeudi soir du Palais de justice de Bordeaux avec le statut de témoin assisté dans l'affaire Bettencourt. Invité vendredi matin d'Europe 1, son avocat, Me Thierry Herzog, a affirmé que le juge d'instruction avait commis une confusion lors de cette audition : "le juge a écrit que le nom était 'mal orthographié' mais il est bien orthographié, il s'agissait de la famille d'Ingrid Betancourt (ex-candidate à la présidentielle colombienne, otage des FARC libérée en juillet 2008, ndlr)" et non l'héritière du groupe L'Oréal.

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Mais ce qui est présenté par l'avocat de l'ancien président de la République comme une erreur du juge Gentil, façon indirecte de le discréditer, n'est en fait qu'un détail dans l'ensemble de la procédure. Il s'agit même d'une vérification traditionnelle.

"Betancourt" ou "Bettencourt" ?

L'audition a commencé par la lecture et la confirmation par Nicolas Sarkozy de son état civil. A la question "profession ?", l'ancien président a répondu : "avocat à la cour". Pendant toute la durée de l'audition, le juge Gentil n'a jamais dit "Monsieur le Président de la République" mais simplement "Monsieur Sarkozy", comme pour tout citoyen normal. Puis le juge Gentil a été fidèle à sa réputation : sec, précis et inflexible. Il a donc repris point par point l'agenda de Nicolas Sarkozy et s'est attardé sur une série de rendez-vous estampillés "Betancourt" et "Bettencourt".

Le juge d'instruction a alors cherché à vérifier l'objet de ces rendez-vous, potentiellement suspects en raison de formulations très proches. Une procédure tout à fait classique, d'autant que les rencontres pouvant prêter à confusion ont été nombreuses : la visite de Nicolas Sarkozy au domicile des Bettencourt, en février 2007, la venue de la milliardaire à l'Elysée, en novembre 2008, ou encore les nombreux rendez-vous avec le procureur de Nanterre.

"L'affaire Bettencourt n'existe plus", mais...

Ce qui est une procédure classique de vérification est donc présenté comme une erreur par l'avocat de Nicolas Sarkozy, une stratégie de routine pour les tenors du barreau pour dénoncer un acharnement contre leur client. "Par définition, un témoin assisté ne peut faire l'objet d'aucun procès, donc pour moi l'affaire Bettencourt n'existe plus", a-t-il ajouté, avant de conclure : "Nicolas Sarkozy ne peut plus être mis en examen, c'est le code de procédure pénal qui le prévoit".

Là aussi, Me Thierry Herzog reste dans l'ambiguïté : en l'état actuel des choses, l'ancien président ne risque en effet rien. Mais si une nouvelle pièce ou un témoignage accusant Nicolas Sarkozy parvenait sur le bureau du juge, rien n'empêcherait ce dernier de convoquer à nouveau Nicolas Sarkozy, voire de le mettre en examen.

La mise au point du procureur

Fait rarissime, vendredi, le procureur de Bordeaux a réagi aux propos de l'avocat de Nicolas Sarkozy.  Dans un communiqué en forme de mise au point, sur demande des juges d'instructions en charge du dossier, le magistrat dément toute confusion et indique que "contrairement à ce qui a pu être publié (...) la convocation de M. Nicolas Sarkozy ne mentionnait pas un rendez-vous relatif à Mme Ingrid Betancourt, figurant dans son agenda à la date du 5 juin 2007 au palais de l'Élysée" et qu'"il n'a pas été interrogé sur ce point". Fin de l'affaire "BetANcourt".