Le bon samaritain d'ERDF licencié ?

Un technicien d'ERDF risque d'être licencié pour avoir refusé de couper le courant à plusieurs abonnés modestes.
Un technicien d'ERDF risque d'être licencié pour avoir refusé de couper le courant à plusieurs abonnés modestes. © REUTERS
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avec Matthieu Bock , modifié à
Un technicien d’ERDFa refusé de couper l’électricité à certains foyers modestes.

Son refus d’appliquer la procédure en cas d’impayé risque de lui coûter cher. Jef Duval, technicien clientèle chez ERDF, a refusé de couper le courant à plusieurs abonnés du Val-de-Marne, ce qui pourrait bien lui valoir d’être licencié. Le jeune homme de 23 ans, qui travaille depuis quatre ans chez ERDF, a raconté à Europe 1 comment il est un jour tombé sur une situation dramatique, chez une femme seule, à Malakoff.

"Cette dame m’a ouvert la porte, elle avait ses deux nourrissons sur les bras. Il y avait trois enfants assis sur un matelas par terre, dans une vingtaine de mètres carrés, avec des cafards partout". "Ce jour-là, je n’ai pas coupé le courant", explique-t-il.

Jusqu'à 20 coupures par jour

Son métier, technicien clientèle, consiste à installer ou couper le courant chez les clients. Mais selon lui, avec la crise, les coupures de courant se sont faites beaucoup plus fréquentes : en une seule journée, il a parfois dû passer chez une vingtaine de clients, souvent modestes, pour leur couper l’électricité.

"Je paie le fait que parfois j’ai beaucoup de mal à faire l’acte technique de retirer le fusible et de laisser la personne dans le noir", estime le jeune homme, qui juge cela "difficile", "humainement parlant".

Une pétition lancée en ligne

Après avoir découvert l’épisode de Malakoff, la direction de Jef Duval a enquêté et découvert qu’il avait désobéi plusieurs fois, en refusant de couper le courant à une dizaine de foyers modestes et en les orientant vers des assistants sociaux. Il aurait aussi refusé de pratiquer cinq coupures de gaz. Le 17 février, Jef Duval a été traduit devant un conseil de discipline interne, qui a voté son licenciement. Le technicien saura dans un mois si la mesure est effective.

"On refuse que la direction se serve de ce cas-là pour faire un exemple", fustige le secrétaire général du syndicat CGT-énergies de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine. Une pétition de soutien a été lancée sur Internet. En fin de journée, elle avait recueilli plus de 5.000 signatures.