Le Louvre, une "zone d'insécurité"

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et Ariane Lavrilleux , modifié à
Les agents de sécurité ont fait grève mercredi pour réclamer des mesures de sécurité contre les voleurs.

Le plus grand musée du monde est resté fermé toute la journée de mercredi. Fatigués des pickpockets de plus en plus nombreux et violents, 200 agents de sécurité du Louvre ont en effet exercé leur droit de retrait. Ils réclament une présence policière renforcée afin de faire fuir les pickpockets qui s'attaquent non seulement aux visiteurs mais également aux employés. Le célèbre musée rouvrira finalement ses portes jeudi, les syndicats estimant avoir obtenu de la direction l'engagement de prendre des mesures contre les agressions dues aux pickpockets

>> Une journaliste d'Europe1 s'est rendue au musée où la tension est très présente en raison des vols, menaces, crachats et agressions à répétition. Voici son reportage :

"Je me suis fait plaquer contre un mur". Les agents du Louvre n'en peuvent plus de répéter "Attention il y a des pickpockets". Beaucoup plus souvent que "La Joconde, c'est au premier étage". D'autant que pour les surveillants de salle, comme Florence, prévenir les visiteurs est de plus en plus dangereux.

"On est de plus en plus en zone d'insécurité. Moi, je me suis fait plaquer contre un mur par trois pickpockets. J'étais toute seule parce qu'on n'était pas assez nombreux dans la salle. J'ai reconnu un pickpocket et par ma présence, j'ai voulu éviter qu'il pique dans les sacs. Il m'a reconnue et ce que je ne pouvais pas prévoir, c'est que dans ma salle, il y avait deux autres pickpockets. Je n'ai pas bougé. Il y a environ trois semaines, lors d'un vol à l'arraché, un visiteur a refusé de laisser son sac, sa rotule a éclaté", déplore la jeune femme au micro d'Europe 1.

Un mode opératoire bien rodé. Chaque mois, 150 visiteurs portent plainte pour vols. La plupart sont des touristes asiatiques, habitués à avoir beaucoup d'argent liquide. Guillaume intervient plusieurs fois par jour, mais reste impuissant face à la ronde de ces voleurs professionnels. "Ils ne cherchent pas la discrétion, c'est absolument le contraire. On sort des pickpockets : cinq, six ou dix tous les jours. Mais une heure après, ils sont là, très tranquilles, c'est les mêmes. C'est ça que l'on voudrait casser, il ne faut pas qu'ils se sentent chez eux", commente-t-il auprès d'Europe 1.

Plusieurs agents en témoignent : les voleurs sont souvent des mineurs d'Europe de l'Est qui entrent gratuitement dans le musée "à 20 ou 30" et parfois des adultes. "Il y a toujours eu des pickpockets au Louvre et dans les endroits touristiques du centre de Paris. Mais depuis un an et demi, ils sont de plus en plus violents, en bandes et leur mode opératoire est rodé. Rien ne les arrête", abonde Sophie Aguirre, agent de surveillance dans l'espace muséographique et syndicaliste.

L'entrée refusée aux voleurs déjà identifiés. Dès mercredi, une opération a été menée, conduisant à onze interpellations. "Ce type d'opérations va s'intensifier", prévient-on à la police, en insistant également sur le travail d'enquête mené pour tenter de démanteler les réseaux. Jusqu'à présent les pickpockets pouvaient rentrer, tant qu'ils avaient un ticket. Désormais, ceux qui sont identifiés seront priés de regarder la pyramide de l'extérieur.

De son côté, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a promis de contacter son homologue de l'Intérieur, Manuel Valls, "afin de mettre en place un dispositif de sécurité adapté à cette situation inacceptable et des moyens policiers supplémentaires à l'extérieur du musée".