La recherche n'échappe pas à la précarité

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avec Ariane Lavrilleux , modifié à
Une chercheuse attaque son laboratoire à Nantes mettant en lumière un phénomène national. 

L'INFO. Une chercheuse de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)  attaque son laboratoire qui lui a fait enchaîner onze CDD pendant 12 ans. En septembre dernier, l'institut a en effet refusé de la prolonger plus longtemps alors qu'elle menait une étude clinique importante sur 200 patients en service de réanimation.  Le procès se tient mardi devant le tribunal administratif de Nantes. Un cas particulier qui met en lumière un phénomène peu connu : selon les syndicats, 50.000 chercheurs, soit près d'un tiers de la profession, seraient en situation précaire, allant de CDD en CDD.  Ils seraient 35.000 selon le ministère de l'Enseignement supérieur.  

Quelles conséquences ? Cette situation menace la recherche même : alors que la France se place aujourd'hui au cinquième rang mondial, de plus en plus de projets sont arrêtés en cours de route quand les chercheurs arrivent à la fin de leur CDD. A Montpellier, des travaux menés depuis trois ans dans le but de trouver des nouveaux traitements  contre la maladie de Parkinson vont s'arrêter dans cinq mois sans avoir abouti : le contrat du chercheur s'arrête.

Scientifique chercheur éprouvette expérience

Guillaume, sur le point de trouver des solutions contre les leucémies qui résistent aux chimiothérapies, n'aura pas le temps d'achever ses travaux pour la seule raison que son CDD prend fin dans trois mois. "Après avoir travaillé pendant six ans sur ces différentes problématiques, les instances qui nous emploient ne veulent plus nous faire de contrat uniquement pour la raison de ne pas nous pérenniser", explique le chercheur au micro d'Europe 1.  "Pourtant les leucémies sur lesquelles je travaille n'ont pas de traitement dans ce cas là. Ce que l'on aurait pu apporter aux malades, c'est d'avoir un traitement qui leur permettrait de vivre encore quelques années", regrette-t-il.

"Un extraordinaire gaspillage". Dans les grands instituts comme le CNRS et l'Inserm, 1 chercheur sur 3 est précaires. Un gâchis pour Michel Pierre, du Syndicat des travailleurs de la recherche scientifique (SNTRS-CGT). "C'est un extraordinaire gaspillage pour la recherche", déplore le syndicaliste au micro d'Europe 1. Selon Michel Pierre, "au bout de quelques années on se débarrasse de gens qui ont acquis une très grande qualification sans  que les laboratoires puissent garder ce bénéfice d'expérience".  Réponse du gouvernement à ce phénomène : le ministère de la Recherche s'est engagé à titulariser 2.000 chercheurs cette année.