La Tour Montparnasse (encore) rattrapée par l’amiante

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avec AFP
Un rapport d’expert permet de comprendre pourquoi les alertes sanitaires s’y succèdent.

L’info. On savait la Tour Montparnasse truffée d’amiante, utilisée comme isolant lors de sa construction, mais on ignorait pourquoi cette fibre cancérigène se retrouvait si souvent dans l’air ambiant du bâtiment, dépassant à de nombreuses reprises les seuils maximum autorisés. La préfecture de Paris a donc mandaté un expert pour se pencher sur la question et ce dernier vient de livrer une première version de son rapport, dont la copie finale sera publiée en janvier 2014. Résultat : en voulant résoudre un problème sanitaire, les travaux de désamiantage en causent un autre. L’amiante retirée du bâtiment se retrouve en effet dans l’air et circule dans le bâtiment par le biais des gaines d’aération.

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Les premières conclusion du rapport. "Au regard des éléments étudiés sur les pollutions récentes et sur des pollutions plus anciennes affectant la Tour (...) les gaines constituent selon leur nature une source d'émission et une cause des transferts de pollutions", précise le document. Les conclusions préliminaires de l'expert ne signifient pas pour autant que de l'amiante circule de façon permanente dans la Tour, les incidents étant localisés et liés aux chantiers de désamiantage, aujourd'hui suspendus.

Pour ses propriétaires, la nouvelle est "rassurante". "Les mesures de surveillance ont été renforcées" et "les prélèvements d'air sont conformes", ont réagi les copropriétaires du la tour, estimant que cette note d’étape est "rassurante" et qu’elle "confirme l'absence de toute pollution par l'amiante dans la Tour". Et le président du syndicat de copropriété de la Tour, Jean-Marie Pierrel, d’ajouter que la Tour subit ces incidents parce qu'elle a été "trop bon élève", en multipliant les mesures de contrôle et en allant au-delà de ses obligations en matière de désamiantage.

amiante

Mais elle confirme les craintes passées. Si le danger est aujourd’hui circonscrit, les dépassements ont en revanche été nombreux auparavant. Ce qui fait dire à Michel Parigot, responsable de l'Association des victimes de l'amiante (Andeva), que les copropriétaires ont fait du "bricolage pour faire des économies" et éviter de déplacer les gens, les exposant du même coup à des niveaux de pollution "qui demeurent faibles", mais sont "non négligeables".

LA TOUR ET L’AMIANTE EN CHIFFRES

72 alertes. Depuis 2009, 72 dépassements des seuils de pollution autorisés ont été constatés dans l’immeuble, qui fait l’objet d’une surveillance quotidienne. Suite à ces alertes à répétition, plusieurs entreprises ont décidé de quitter les lieux, à l’image d'Amundi, filiale du Crédit agricole et de la Société générale, ou de la chaine de télévision i-Télé.

5.000 personnes. C’est le nombre de personnes qui travaillent quotidiennement dans le bâtiment et sont donc exposées à des risques pour la santé.

250 millions d’euros. C’est le prix qu’ont déjà coûté les travaux de désamiantage de la tour. Entamés en 2006, ils ne devraient être terminés qu’en 2017.

1 enquête. Face à la répétition des alertes, une information judiciaire a en outre été ouverte le 4 octobre par le parquet de Paris, notamment pour "mise en danger de la vie d'autrui", deux magistrats spécialisés dans les questions de santé publique ayant été désignés pour instruire.

100.000 victimes potentielles. Isolant utilisé dans le bâtiment, l'amiante, cancérigène, pourrait provoquer, selon les autorités sanitaires, quelque 100.000 décès d'ici à 2025.