L’empoisonneuse de Chambéry "isolée" socialement

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Frédéric Frangeul avec Rémy Pierre , modifié à
PORTRAIT - L’aide-soignante mise en examen jeudi est "affectée" par ses actes.

Une femme fragile. Ses explications restent encore floues. Ludivine Chambet, l’aide soignante de l'établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Le Césalet, à Jacob-Bellecombette, en Savoie a reconnu avoir administré un cocktail de somnifères à neuf patients auquel seulement trois ont survécu. La jeune femme, âgé de 30 ans, a été  mise en examen jeudi et a passé la nuit de jeudi à vendredi derrière les barreaux. Devant les enquêteurs, elle n’a pas parlé d’euthanasie mais simplement vouloir "soulager la souffrance des personnes âgées".

Isolée socialement. "Il s’agit d’une personne dont les propos sont tout à fait cohérents, qui parle de façon calme", a expliqué Dietlind Baudoin, vice-procureure de Chambéry, au micro d’Europe1. "Elle semble affectée par ce qu’elle a fait. C’est une jeune fille qui est isolée d’un point de vue social", a-t-elle poursuivi.   "Elle s’était énormément occupée de sa mère qui était atteinte d’une maladie et qui est décédée au cours de l’été 2013", a ajouté Dietlind Baudoin. "Depuis le décès de sa mère, des fragilités avaient été détectées chez cette personne". Elle avait toutefois été déclaré apte par la médecine du travail et était bien notée par sa hiérarchie.

Elle voulait "soulager". "A la question de savoir pourquoi elle a administré des psychotropes à ces personnes âgées, la seule réponse que la jeune femme ait pu donner est qu’elle voulait les soulager sans pour autant préciser ce qu’elle entendait sous le terme soulager",  a conclu la vice-procureur de Chambéry. L’enquête devra désormais déterminer "si l’établissement a pu avoir des failles", comme l’a souligné la ministre déléguée aux personnes âgées, Michèle Delaunay, avant de préciser : "A l’heure actuelle, nous n’en avons pas connaissance".

Traumatisée par la mort de sa mère. Ludivine Chambet travaillait depuis un an et demi dans l'EHPAD Le Césalet, après un passage par  l'unité de soins continus de l'hôpital Chambéry qu'elle avait quitté car elle ne supportait plus les souffrances des accidentés placés en réanimation. Décrite comme discrète et solitaire par ses amis et ses collègues. Personne ne lui connaissait de petit ami. Cette grande femme brune était très proche de ses parents, et notamment de sa mère. La mort de cette dernière en juillet dernier dernier suite à une leucémie foudroyante l'avait beaucoup touchée.

En souffrance. "Ces derniers temps, elle était en souffrance", confie une collègue de Ludivine au micro d'Europe 1. Elle s'était énormément occupée de sa mère durant sa maladie. Sa mort l'a bouleversée", ajoute-t-elle. "En voyant ces personnes âgées, elle a dû tout mélanger entre ce que ces personnes vivaient et ce que sa mère a vécu".

Elle ne répondait plus aux appels. Depuis cet été, la jeune femme s'était complètement refermée, ne répondant plus ni aux appels, ni aux SMS de ses amis. Elle avait même quitté son appartement de Chambéry pour revenir vivre avec son père dans la maison familiale. La mort de sa mère était devenue une obsession pour elle, selon ses voisins. A tel point qu'elle leur avait demandé d'adhérer, comme elle, à l'association Laurette Fugain contre la leucémie.

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