L'arrivée fracassante de Toni Musulin

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avec Jean-Luc Boujon , modifié à
Le convoyeur de fond a paru visiblement énervé par la présence des médias dans le tribunal.

"C'est quoi ce bordel ?", s'est écrié ce matin Toni Musulin en pénétrant dans le box des accusés. Voyant que de nombreuses caméras attendait son arrivée, il a alors fait demi-tour et donné un violent coup de pied dans la porte, créant un grand trou dans le bois. Vêtu d'un blouson de toile grise, portant un collier de barbe poivre et sel et un catogan, il est cependant revenu s'asseoir peu après sur le banc des accusés. Le procès a pu commencer peu après 9 heures.

Toni Musulin est resté très agité pendant l'exposé des faits. Il a même obligé le président du tribunal a interrompre l'audience pour aller aux toilettes. Ses dix mois passés à l'isolement en prison l'ont "rendu fou", a justifié son avocat Me Bambanaste.

Toni Musulin "a craqué" :

Vengeance contre son employeur

L'ex-convoyeur s'est toutefois calmé lorsque le président lui a donné la parole. Toni Musulin a expliqué, comme lors de son premier procès, qu'il avait détourné les fonds pour se venger de son ancien employeur qui ne lui payait pas toutes ses heures et lui refusait ses dates de vacances.

L'ex-convoyeur de fonds est jugé par la cour d'appel de Lyon pour le détournement du fourgon blindé qu'il conduisait le 5 novembre 2009 et les 11,6 millions d'euros contenus à son bord. Condamné le 11 mai 2010 en première instance à trois ans de prison ferme et 45.000 euros d'amende, le célèbre convoyeur est rejugé à la demande de l'accusation.

A la police, puis à la justice, Toni Musulin a toujours refusé de s'expliquer sur les 2,5 millions manquants, assurant ignorer où se trouvait l'argent. Les enquêteurs le soupçonnent de les avoir mis à l'abri. Lui sous-entend que l’argent manquant pourrait avoir été récupéré par le propriétaire du garage dans lequel une partie du butin, 9 millions d’euros, avait été retrouvée.

"Je n'accuse pas mais je n'exclue pas" cette possibilité, a ainsi affirmé l'un des avocats de Toni Musulin, qui se déclare impatient de l'interroger. "Le premier qui aurait eu accès au box avec les clés, c'est le propriétaire. C'est la raison pour laquelle on l'a fait citer, pour qu'il réponde à certaines de nos questions", a-t-il pointé.

Un témoin clé absent

Le témoignage du propriétaire du garage était donc très attendu mardi, au premier jour du procès en appel de Toni Musulin. Mais l'homme ne s'est pas présenté devant le tribunal.

Interrogé par les policiers au début de l’enquête, l’homme, qui avait loué le box au convoyeur de fonds quelques mois avant l’affaire, n’a curieusement pas été cité à comparaître lors du premier procès. Cette fois-ci, les avocats du convoyeur de fonds veulent l’entendre. "Je n’exclue pas qu’il ait pu se servir" indique Me Christophe Cottet-Bretonnier l’un des avocats de Toni Musulin.

Une hypothèse d’ores et déjà balayée par les enquêteurs. Le propriétaire du garage, issu d’une famille fortunée, serait au dessus de tout soupçon. La police assure aussi qu’il aurait prévenu les enquêteurs avant même de rentrer dans le box. Débuts de réponse, mardi, à la barre.