Karachi : Nicolas Bazire mis en examen

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Aurélie Frex avec agences , modifié à
Ce proche de Sarkozy, soupçonné de complicité d'abus de biens sociaux, a été laissé en liberté.

Après Thierry Gaubert, c’est au tour de Nicolas Bazire. Jeudi, l’ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur, a été mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux dans le cadre de l'enquête sur l'attentat anti-français de Karachi. Une mise en examen qui intervient au lendemain de celle d’un autre proche du président de la République, Thierry Gaubert, conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère du Budget en 1993-1995.

L’enquête porte sur un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, par le biais de rétrocommissions versées dans le cadre de contrats d'armement, mises en lumière dans l'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002. L'avocat de Bazire, Jean-Yves Liénard,a fait part de l'"absence totale d'implication" de son client dans la signature de ces contrats", après l'annonce de cette mise en examen. Il a également jugé "fantaisistes" les témoignages selon lesquels il aurait reçu des valises de billets en provenance de Suisse durant la campagne présidentielle d'Edouard Balladur.

Evocation d’un coffre-fort dans son bureau

Les faits qui sont reprochés à Nicolas Bazire concernent la période 1993-1995, au moment de la signature des contrats d'armement au cœur de l’affaire Karachi, lorsqu’il était directeur de cabinet du Premier ministre Edouard Balladur.

Son nom a été cité devant le juge par plusieurs témoins selon lesquels Nicolas Bazire, devenu directeur de campagne de Balladur pour la présidentielle de 1995, avait un coffre-fort dans son bureau pour y entreposer "les grosses sommes".

L’ex-femme de Gaubert l’accuse

Selon un autre témoignage, celui d'Hélène de Yougoslavie, c'est son mari, Thierry Gaubert qui a accompagné en Suisse l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, intermédiaire dans des contrats d'armement, pour aller chercher des valises "volumineuses de billets" durant la période 1994-95. Et, toujours selon elle, c'est Nicolas Bazire qui récupérait ces "mallettes" en France.

Déjà auditionné par l’Assemblée nationale

L'enquête a mis au jour le versement d'importantes sommes en espèces - 20 millions de francs - sur le compte de campagne d’Edouard Balladur. L’ancien Premier ministre a toujours soutenu que les sommes sur son compte de campagne provenaient de la vente de gadgets lors des meetings et son ex-chef de cabinet, Pierre Mongin, a certifié qu'elles ne provenaient pas des fonds secrets.

Dans le cadre de son investigation, la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’attentat de Karachi avait entendu Nicolas Bazire. "Nous l’avons auditionné, il était directeur de cabinet du Premier ministre. Un certain nombre d’arbitrages interministériels avaient été rendus au moment de la conclusion du contrat avec le Pakistan (...) Il a indiqué qu’il n’avait rien à voir avec cette affaire, qu’il n’avait jamais eu à connaître ce contrat et que le cabinet du Premier ministre n’avait pas eu à traiter de cette question", se souvient Bernard Cazeneuve, député-maire PS de Cherbourg et rapporteur de la mission, invité d'Europe 1 jeudi.