Hôpital : des "managers" de lit à la rescousse

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et Sandrine Prioul à l'hôpital de Pontoise , modifié à
Faute d'ouvrir des lits, ces "gestionnaires" sont une priorité pour la ministre de la Santé.

L'info. La mise en place de "gestionnaires de lits" ou "bed managers" dans certains hôpitaux a récemment été donnée en exemple la ministre de la Santé Marisol Touraine qui souhaite étendre cette "bonne pratique". 

Qu'est-ce qu'un "bed manager" ? Comme son nom l'indique, son poste consiste à "gérer" les lits. C'est à lui de lisser les flux d'entrées et de sorties des patients dans les différents services. Certains hôpitaux préfèrent d'ailleurs le terme de "gestionnaires de flux des patients".

Chaque hôpital fonctionne ensuite différemment. A Pontoise, dans le Val-d'Oise, Europe 1 a pu suivre Sonia Nordey qui fait partie de la nouvelle cellule spéciale "flux de patients". Téléphone vissé à l'oreille, la jeune femme suit les disponibilités des 500 lits répertoriés sur un planning informatique actualisé en temps réel. Pour elle, son travail relève du bon sens : "on anticipe davantage et on ne se retrouve pas à ne pas savoir dans quelle unité on va hospitaliser le patient, c'est rassurant".

Et c'est utile et efficace ? La gestionnaire des "flux de patients" de l'hôpital de Pontoise dit mesurer particulièrement son efficacité au moment de Noël ou à l'occasion des diverses alertes au froid. Les soignantes rencontrées par Europe1 au service des urgences de l'hôpital de Pontoise jugent évident le bénéfice pour les patients, avec notamment une prise en charge plus rapide : "on a une info rapide à leur donner (…), les urgences ne sont plus un lieu d'hospitalisation", expliquent-elles.

Mais d'autres y voient avant tout dans l'émergence des "bed managers" une astuce pour gérer la pénurie de lits… sans en ouvrir de nouveaux. Or, selon Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) interrogé par Le Monde : "ce n'est pas qu'une question d'organisation, c'est une question de moyens. Nous manquons de lits de médecine polyvalente. Sans lits, les "bed managers" seront confrontés à une problématique insoluble".

Une pratique encore expérimentale. Si beaucoup y réfléchissent, pour l'instant seule une poignée d'hôpitaux ont recours aux "bed managers". C'est le cas de l'hôpital de Pontoise, dans le Val-d'Oise, mais aussi de celui de Lens, dans le Pas-de-Calais. D'après Le Monde, l'hôpital Bichat devrait expérimenter un tel dispositif à partir de juin. Au groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, le pas a été sauté dès 2010. Toujours selon Le Monde, l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) accompagnera, par ailleurs, dès septembre, 150 sites dans l'amélioration de leur gestion des lits.