Fadettes : Péchenard pas mis en examen

Frédéric Péchenard a d'ores et déjà écarté toute démission
Frédéric Péchenard a d'ores et déjà écarté toute démission © MAXPPP
  • Copié
A.H. et M.S. et Pierre de Cossette avec agences , modifié à
Le directeur de la police reste témoin assisté, à l'issue de son entretien avec la juge.

Il n'a pas été mis en examen. Le chef de la police nationale conserve sa qualité de témoin assisté à l'issue de sa convocation vendredi au palais de justice dans le dossier des "fadettes". C'est ce qu'a assuré son avocat Me Hervé Lehman à l'issue de l'audition de quatre heures entre Frédéric Péchenard et la juge parisienne Sylvie Zimmermann, qui enquête sur l'espionnage d'un journaliste du Monde visant à identifier sa source dans l'affaire Woerth-Bettencourt.

Me Lehman a d'ailleurs précisé que le directeur général de la police nationale "n'a donc pas été mis en examen, c'est-à-dire que le juge estime qu'il n'y a pas de charges qui pèseraient contre lui d'avoir commis une quelconque infraction".

Frédéric Péchenard a été cité dans l'affaire par la seule personne mise en examen dans ce dossier : Bernard Squarcini. Le directeur central du renseignement intérieur a été mis en examen le 17 octobre pour "atteinte au secret des correspondances", "collecte illicite de données" et "recel du secret professionnel" dans l'affaire d'espionnage téléphonique d'un journaliste du Monde. Lors de son audition, Bernard Squarcini a reconnu avoir cherché à trouver la source du journaliste Gérard Davet qui enquêtait sur l'affaire Woerth-Bettencourt, à la demande de Frédéric Péchenard en juillet 2010.

Mouillé par Bernard Squarcini

A cette époque, la police a obtenu sous contrainte légale d'un opérateur téléphonique, les factures détaillées de téléphone dites "fadettes" de Gérard Davet, auteur d’un article sur l'affaire visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt. 

Bernard Squarcini a cependant précisé au juge Sylvia Zimmermann que Frédéric Péchenard ne lui avait aucunement indiqué de "modus operandi" pour y parvenir. "Je fais ce que l'on me dit de faire avec les outils que l'on me donne", lui aurait déclaré le patron du renseignement intérieur, selon des extraits de son audition publiés par Le Monde, partie civile dans ce dossier.

De son côté, Frédéric Péchenard avait assumé en septembre avoir demandé à la DCRI "d'identifier le haut fonctionnaire qui, soumis au secret professionnel et ayant un accès direct à des documents confidentiels, divulguait des informations confidentielles sur une affaire judiciaire en cours".

L'inamovible soutien de Guéant

Ce nouvel épisode judiciaire n’aura cependant aucune répercussion sur l’avenir de ce proche de Nicolas Sarkozy. Comme pour Bernard Squarcini, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a d'ores et déjà exclu tout départ du chef de la police comme le demandait notamment François Hollande.

"J'aurais la même réponse à l'égard de Frédéric Péchenard que celle que j'apportais à propos de Bernard Squarcini. Une mise en examen ne signifie pas une culpabilité", a-t-il déclaré mercredi sur RTL. "Il n'est pas coupable, il est présumé innocent. Il peut continuer l'exercice de ses fonctions", a-t-il ajouté.

Vendredi, le ministre de l'Intérieur s'est "réjoui" que le chef de la police nationale Frédéric Péchenard n'ait pas été mis en examen à l'issue de son audition par un juge d'instruction. "Je fais l'observation, en même temps, que cette affaire n'est pas aussi simple que d'aucuns veulent la présenter", a souligné Claude Guéant avant d'estimer que, depuis quelque temps, (...) il y a "beaucoup de tentations de faire des procès dans la presse ou dans les meetings", une "dérive" qu'il a qualifiée de "détestable".

Claude Guéant a par ailleurs jugé nécessaire de légiférer sur les "fadettes" et leur éventuelle obtention par la police, car les dispositions actuelles ne seraient pas suffisamment claires à ses yeux.