Des Indignés à marche réduite

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Aurélie Frex , modifié à
Vendredi, la marche européenne des Indignés arrive à Paris. Un mouvement d’ampleur limitée.

"Peuple, lève-toi et marche !" C’est sous ce mot d’ordre que la marche européenne des Indignés, partie en juillet dernier d’Espagne, s’est poursuivie tout l’été. Le principe ? Propager le mouvement des Indignés (ou Mouvement 15-M), ces dizaines de milliers d’Espagnols qui ont occupé la place Puerta del Sol, à Madrid, en mai dernier.

Arrivés en France en août, ces "marcheurs révolutionnaires" sont attendus à Paris vendredi, pour un grand rassemblement le lendemain place de la Bastille, dans le cadre d’une action internationale contre les banques, la bourse et la spéculation. Avant un "finish" dans la capitale européenne, Bruxelles. Mais malgré l’ampleur du mouvement en Espagne, cette marche n’a pas attiré d’immenses foules.

"Convertir" leurs voisins français

L’objectif de ces Espagnols qui marchent 30 à 40 km par jour, entre Madrid et Bruxelles, est de "convertir" leurs voisins français au mouvement des Indignés. Force est de constater que les différentes étapes de cette "traversée de l’Europe" n’ont pas réuni les milliers de personnes escomptées sur les différents groupes Facebook et tracts diffusés sur Internet.

Les marcheurs sont une trentaine par groupe. Plusieurs marches ont en effet été formées, certaines passant par Lyon, d’autres par Orléans. Des mouvements peu coordonnés, à tel point qu’il est difficile de savoir combien d’Indignés en tout arriveront à Paris samedi.

"30 à 40 km par jour"

"Ils viennent de Galice, il y a aussi des Catalans, des Madrilènes, et il y avait un Argentin avec eux", se souvient Jean-Louis Silvestre. « Ils sont hébergés pour certains, et ils ont avec eux un sac à dos et un sac de couchage", affirme-t-il. D’après les différents blogs des comités locaux, les marcheurs sont en effet parfois logés dans un gymnase, ou chez l’habitant. Et le "système D" s’organise souvent via Facebook, ce qui permet de suivre les marcheurs au jour le jour. "Indignés de l’Yonne, nos voisins espagnols arrivent chez nous vendredi à Joigny", peut-on ainsi lire sur la page des Indignés de Pezenas. De son côté, la page "la marche vers Paris 17S" indiquait jeudi : "Nous avons installé notre camp dans un parc et le point d'information sur la place en face de la mairie".

Chaque soir, une assemblée est organisée entre la population locale et les marcheurs, qui courent au minimum 30 km dans la journée. "Ils sont passés le 21 août à Narbonne. Il y a eu environ 200 à 300 personnes pour les accueillir", affirme Jean-Louis Silvestre, président du comité des Indignés de l’Aude.

Une vidéo des premiers jours en France de la marche montre l’ambiance de ces rassemblements :

Des comités pas encore très organisés en France

Pour Jean-Louis Silvestre, ancien fonctionnaire à l’ONU, qui a travaillé avec Stéphane Hessel, l’auteur de Indignez-vous, les Indignés sont une tentative intéressante de créer un nouveau monde. Toutefois, celui qui avait notamment organisé en 1981 une conférence au Bureau international du travail, dénonçant déjà le système monétaire - l’hégémonie du dollar, la dette américaine -, l’avoue : "ça peut réussir comme avorter".

Pour le moment, en France, le mouvement des Indignés n’est pas encore très organisé, alors qu’on a pu voir des émules dans différents pays, dont l’Israël. "Je me suis engagé à titre personnel, mais je souhaite vraiment inciter les jeunes à se prendre en charge", affirme Jean-Louis Silvestre. Alors que la coordination entre les comités d’Indignés en France n’est pas encore très régulière, les comités du Sud Ouest organiseront "un rassemblement régional de solidarité", au moment où les marcheurs arriveront à Bruxelles, le 9 octobre prochain. Il aura lieu à Narbonne ou à Montpellier. Peut-être le chemin vers un véritable mouvement national.