Bugaled Breizh : peut-être pas un sous-marin

Une nouvelle expertise relance la confusion dans l'affaire Bugaled Breizh.
Une nouvelle expertise relance la confusion dans l'affaire Bugaled Breizh. © MAXPPP
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MS avec Pierre-Baptiste Vanzini, Pierre de Cossette et AFP , modifié à
Une nouvelle expertise estime qu'il n'y a aucune preuve quant à l’implication d’un sous-marin.

Le mystère du Bugaled Breizh sera-t-il percé un jour ? Sept ans après le naufrage du chalutier, une nouvelle expertise a été rendue. Ordonnée par les juges d'instruction de Nantes Jacky Coulon et Robert Tchalian après que des traces de titane ont été retrouvées fin 2006 sur le câble babord du chalutier, elle devait permettre de lever le voile sur la composition du revêtement extérieur des sous-marins nucléaires d'attaque (SNA). Au contraire, elle sème le trouble.

Un frottement du câble contre la coque ?

C’est un ancien sous-marinier, Dominique Salles, qui a rédigé ce rapport. Selon son expertise, la présence de titane "ne peut être considéré comme un indice de la présence d'un sous-marin" dans l'accident qui a causé la mort des cinq membres d’équipage. "Le revêtement extérieur et les appendices extérieurs des sous-marins ne comportent pas de titane", assure le document.

Et l’expert d’assurer que les traces de titane sur le câble incriminé résulterait d’un simple "frottement", étant donné que "les coques en acier des chalutiers étant protégées par des peintures comportant ce même composant". D'autant que des expertises des prélèvements de peintures de la coque du Bugaled Breizh, réalisées en décembre 2006 par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie, avaient révélé la présence de titane dans la peinture extérieure bleue et dans la peinture extérieure blanche du navire.

Les parties civiles inquiètes

Une expertise qui ne convainc pas les parties civiles. Les traces de titane, retrouvées fin 2006 sur le câble babord du chalutier, avaient renforcé leur conviction d'une collision avec un sous-marin, le titane ayant été présenté comme un matériau exclusivement militaire.

"Je crains que les juges ne reviennent sur l'hypothèse d'un sous-marin", a indiqué vendredi Michel Douce, ancien patron du Bugaled Breizh. Il réfute l'hypothèse d'un frottement des funes sur la coque du navire : "c'était impossible que ça touche".

"Cette expertise n'apporte rien, n'exclut pas le fait que le chalutier ait été entraîné par un sous-marin", a souligné pour sa part Christian Bergot avocat de parties civiles. "Le bateau a été entraîné avec une telle rapidité vers le fond que ça ne peut être que par une force importante comme celle d'un sous-marin", a-t-il assuré.

Il faut désigner un nouvel expert

Quant à l’un des avocats des familles des victimes, Me Dominique Tricaud, il déplore que l’expert "n’y connaisse rien en chimie". La solution, estime-t-il au micro d’Europe 1, serait, à ce stade, "qu’un expert chimiste dise si la forme de titane qui a été trouvée (sur le câble du Bugaled Breizh, ndlr) provient de peinture ou d’une coque de sous-marin. Et si ça provient d’une peinture, ajoute-t-il, qu’il explique pourquoi il n’y a pas les autres composantes d’une peinture".

Me Dominique Tricaud promet, par ailleurs, qu'il fournira bientôt des éléments décisifs qui prouveront que le chalutier a été la victime d'un sous-marin.

Le Bugaled Breizh a coulé le 15 janvier 2004, avec ses cinq hommes d'équipages à bord.