Accusé, Ikea lance une enquête

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avec AFP

Selon Le Canard Enchaîné, la "direction risque" d'Ikea France a passé un accord en 2003 avec des enquêteurs privés qui lui fournissaient des informations de source policière, concernant des salariés avant embauche, des syndicalistes, voire des clients en cas de différend commercial. L'hebdomadaire égrène différents exemples de demandes de renseignements entre 2007 et 2009 auprès de ces enquêteurs privés pour qu'ils fournissent les antécédents judiciaires ou policiers de salariés ou de clients.
Ikea a également obtenu de ces enquêteurs des données sur les comptes bancaires d'un salarié en 2003 ou des informations sur le contenu d'une enquête judiciaire sur des pressions syndicales menée en 2005, selon des emails publiés par Mediapart.

Le groupe a réagi en annonçant qu'il lançait une enquête et mettait en disponibilité la "personne concernée" sans la nommer, Le Canard Enchaîné  mentionnant le nom du directeur de la gestion du risque chez Ikea France. "Nous prenons la parution de ces accusations très au sérieux. Nous avons lancé une enquête avec l'aide de conseillers indépendants pour obtenir la vision la plus complète de ce qu'il s'est passé dans les faits", indique Ikea France. "Par respect de la présomption d'innocence, la personne concernée est mise en disponibilité durant ces investigations", indique le groupe dans un communiqué. "Le respect de la vie privée des personnes compte parmi les valeurs les plus fortes du groupe et nous désapprouvons vigoureusement toute pratique portant atteinte à cette valeur", affirme Ikea.

De son côté, l'un des avocats de salariés d'Ikea France, Me Yassine Yakouti, a assuré auprès de l'AFP qu'une plainte serait déposée auprès du parquet de Versailles mercredi soir, le siège social de l'entreprise étant situé dans les Yvelines. Sans plus de détail, l'avocat a dit "souhaiter que la justice puisse enquêter sur ces soupçons latents de salariés confortés par l'article du Canard enchaîné". Aucun délégué syndical contacté par l'AFP n'a confirmé avoir eu des preuves de ces agissements supposés.

"Lorsqu'une ou des plaintes auront été déposées, l'enquête judiciaire devra déterminer si des fichiers comme celui du Stic, des immatriculations ou des permis de conduire ont été interrogés de manière illicite", ajoute-t-on place Beauvau. "Il y a une traçabilité dans la consultation de ces différents fichiers (numéro matricule, code personnel attribué aux seuls fonctionnaires habilités) qui permet d'avoir une vision très claire de qui consulte quoi".