SNCF : obligé d’enterrer son collègue

Un agent de la SNCF a été contraint d'enterrer les restes d'un collègue heurté par un train.
Un agent de la SNCF a été contraint d'enterrer les restes d'un collègue heurté par un train. © REUTERS
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avec Pierre Baptiste Vanzini et agences , modifié à
Un agent saisit les prud'hommes après avoir été contraint d'enterrer les restes d'un collègue.

Les faits remontent à 1997. Un agent de la SNCF meurt percuté par un TGV à Bouchemaine dans le Maine-et-Loire. Le corps déchiqueté est rendu à la famille, qui remarque qu'il manque des bijoux. Une équipe d'employés de la SNCF est envoyée le lendemain sur place pour tenter de les récupérer.

Des restes humains "éparpillés" autour des rails

Les agents retrouvent les effets personnels mais font aussi une macabre découverte. Des restes de la victime ont été oubliés : ils sont "éparpillés" autour des rails.

"Plutôt que de téléphoner au service compétent, ils ont préféré faire ramasser les morceaux par les agents", a expliqué sur Europe 1, Mickaël Boulay, l'avocat de Pascal, l'un des cheminots. "Cela n'a pas du tout gêné le chef de brigade de les garder dans son véhicule toute la matinée, avant de les mettre sur l'établi de mon client pour lui demander de les enterrer".

Quatorze années de souffrance

Cet épisode a détruit pendant quatorze années Pascal, l'agent qui a enterré les restes de son collègue dans un terrain vague. Après deux tentatives de suicide en 2008, il décide d'entamer une procédure de plainte pénale pour "inhumation sauvage".Cela a permis de confirmer les faits mais n'a pas donné lieu à une condamnation, les faits étant prescrits. Les restes ont été recherchés mais n'ont pas été retrouvés.

Mercredi, Pascal attaquera la SNCF devant les prud'hommes de Paris "pour manquement à l'obligation de loyauté". Il compte ainsi exorciser sa souffrance et faire reconnaitre son statut de victime. "Même si la famille du défunt est abasourdie" par les faits qui lui ont été révélés en 2008, "elle soutient l'agent", assure Me Boulay qui n'écarte pas une possible action en justice de la famille contre la SNCF.