Bourges : ses élèves devaient l’appeler Dieu

Les élèves du lycée Jacques-Coeur avait remarqué quelques bizarreries lors des premiers cours de l'enseignant suspecté d'avoir mortellement blessé une policière à Bourges.
Les élèves du lycée Jacques-Coeur avait remarqué quelques bizarreries lors des premiers cours de l'enseignant suspecté d'avoir mortellement blessé une policière à Bourges. © GOOGLE MAP
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avec Emilie Denetre , modifié à
PORTRAIT - L’enseignant qui a tué une policière à Bourges était décrit comme très étrange.

L'homme soupçonné d’avoir tué une policière à coups de sabre japonais en pleine préfecture du Cher, vendredi à Bourges, est un enseignant aux méthodes très atypiques.

Agé de 33 ans, Olivier Roson enseignait les Sciences de la vie et de la terre au lycée général et technique Jacques-Coeur de Bourges depuis quatre ans. Sur son profil Facebook, il se dit marié et mentionne son appartenance à un groupe "si toi aussi tu te sens perdu". Ses élèves l’étaient tout autant et décrivent un enseignant "bizarre, pas très net".

"Il nous a dit qu’il fallait l’appeler Dieu"

Tous ses élèves sont unanimes : Olivier Roson avait un style très particulier. "Dès le premier jour, on l’a trouvé un peu bizarre", raconte un élève de quatrième, avant qu’un autre précise : "en rentrant en cours, il nous a dit qu’il fallait l’appeler Dieu".

"Il ne faisait pas vraiment cours. Il s'inventait des vies, il croyait aux extra-terrestres, il avait une théorie sur l'existence des vampires", témoigne Clément, l'un de ses élèves de seconde. "Il nous a parlé d’extra-terrestres qui vivaient sur Pluton, c’était une théorie qu’il avait mis au point. Il était vraiment à fond dedans", renchérit un autre. "Il disait qu'on allait tous mourir en 2012", raconte une collégienne, avant d'ajouter : "il parlait de loups-garous et de zombies. Un jour il a traité quelqu'un de nazi".

"Il était vraiment dans son monde"

"Cela faisait peur de temps en temps", raconte une autre élève, qui craignait qu’un jour il "pète un câble". Son voisin acquiesce : "je pense qu’il n’était pas bien dans sa tête, il était vraiment dans son monde… incompréhensible".

Alertés par leurs enfants, des parents s’étaient plaints l’an passé. Puis c’est la nouvelle proviseure, arrivée à la rentrée, qui a été intrigué par ses méthodes. "Certains propos m'ont suffisamment alertée pour que je demande un accompagnement pédagogique", sous la forme de stage de formation ou d'une rencontre avec un inspecteur par exemple, explique-t-elle.

Barbe à la samouraï, un arc sur l'épaule

S'il y a un point sur lequel il s'entendait à merveille avec ses élèves, c'est son amour pour le film Kill Bill, ode au sabre japonais à la violence très stylisée, signé Quentin Tarantino. Olivier Roson était en effet passionné de culture japonaise et y consacrait de plus en plus de temps. Une citation guerrière, signée René Char, orne d'ailleurs son blog, "agir en primitif et prévoir en stratège".

"On l’a revu la semaine dernière, lorsqu’il est venu présenter un livre qu’il venait de faire", a témoigné vendredi sur Europe 1 un libraire qui le connaissait. "Physiquement, il avait changé puisqu’on l’avait connu pas barbu et là, il était barbu", a-t-il poursuivi, avant de préciser : "une barbe de samouraï".

Olivier Roson avait acheté il y a un an une petite maison aux volets verts, située dans un quartier tranquille de Bourges. Le voisinage avait rapidement été intrigué par son comportement peu avenant et ses volets constamment fermés. Sans oublier un détail : il lui arrivait de sortir de son domicile armé d'un arc.